Aide aux blessés : Un premier succès pour la médiation canine 

publié le Mardi 28 juin 2022

Aide aux blessés : Un premier succès pour la médiation canine 

Aide aux blessés : Un premier succès pour la médiation canine 

© Marine nationale

Pour la première fois, un marin a pris part au programme de médiation canine pour les militaires souffrant de syndrome post-traumatique (SPT). Accompagné par la cellule d’aide aux blessés et d’assistance aux familles de la Marine (CABAM), le quartier-maitre Claude s’est porté volontaire dans le cadre de son parcours de réinsertion sociale et professionnelle. Il y a quelques semaines, le QM rencontrait Syndelle, une berger allemand croisée en attente d’adoption à la SPA de Carcassonne. Après avoir participé durant mois six aux divers stages et périodes de formation du programme, il a officiellement adopté Syndelle et le duo va désormais continuer sa route ensemble. Retour sur cette expérience inédite. 

 

La médiation canine, qu’est-ce que c’est 

 

Mis en place depuis déjà deux ans au sein de l’armée de Terre, le projet ARION - « médiation canine et accompagnement des militaires blessés psychiques » a pour objectif de favoriser la réhabilitation des blessés grâce aux interactions positives issues de la mise en relation intentionnelle homme-animal.  

 

La médiation canine s'appuie ainsi sur le lien fort qui existe entre l'Homme et le chien dans le but de maintenir ou d'améliorer le potentiel cognitif, physique, psychosocial ou affectif des personnes.  

 

Elle se pratique en séances individuelles ou en petit groupe à l’aide d’un animal familier, soigneusement sélectionné, sous la responsabilité d’un intervenant qualifié (la plupart du temps un maître-chien).  

 

Particularité du projet, les chiens sélectionnés sont issus de la SPA, ils ont eux aussi souffert, soit d’abandon soit de maltraitance. Le programme repose ainsi sur les bienfaits d’une adoption mutuelle de deux êtres au parcours de vie marqué par les épreuves. 

 

Les grandes étapes

 

Pour le quartier-maître Claude et les quatre autres stagiaires, l’aventure a commencé en avril dernier lorsque chacun a rencontré le chien qui lui a été associé.  « Les chiens sont choisis en fonction des pathologies des blessés et de leur rythme et environnement de vie » explique premier-maître Jean-Philippe, expert cynotechnique qui accompagne Claude. 

 

Chaque binôme a par la suite tissé des liens et s’est familiarisé l’un avec l’autre au cours des cinq sessions de formation qui composent le programme. Durant six mois les stagiaires et leur chien ont alterné les périodes de formation d’adoption à domicile et les stages en extérieur : « Après la sélection des chiens, lors de la deuxième semaine, le blessé retourne chez lui pour vraiment réfléchir à s’il est prêt à s’occuper d’un chien, à se responsabiliser à nouveau.  Ensuite il y a une semaine dédiée à l’apprentissage des bases à connaitre pour s’occuper de son animal durant laquelle le militaire fait des premiers exercices pratiques. Pour la 4ème semaine, s’il veut continuer, le blessé récupère le chien et passe une semaine avec lui à son domicile et ensuite lors des deux dernières semaines, on va chez eux pour voir comment ça se passe et s’il est nécessaire pour régler des situations, des soucis de relation entre le militaire et son chien, etc. Durant tout le processus il peut décider d’arrêter s’il ne se sent pas prêt. »  

 

Ces différentes étapes permettent aux duos d’apprendre à « s’apprivoiser », à interagir et à vivre ensemble au quotidien.

 

Pour le premier-maitre Jean-Philippe, le succès de cette première expérimentation Marine du dispositif n’est pas étonnant : « Peu importe la personne, son vécu ou sa pathologie, le rapport et le contact avec un chien fait vraiment des miracles. J’ai vu des personnes qui ne parlaient plus du tout, retrouver la parole grâce à ça. Avoir un chien re-responsabilise et surtout permet de recréer du lien social, de sortir. » L'animal médiateur facilite en effet l'entrée en relation avec le participant et la mise en place d'activités : Il ne porte pas de jugement, favorise les interactions et le partage. Il est spontané, stimule, éveille, réconforte et procure de l’apaisement. La médiation canine contribue au mieux-être du blessé, contribue à libérer la parole pour mieux aller de l’avant et présente des bénéfices pour tous. Les séances sont adaptées en fonction du caractère du participant, de son âge, de son handicap, de sa pathologie et de sa motivation. 

 

Témoignage – Quartier-maitre Claude 

 

J’ai « flashé » sur Syndelle dès que je l’ai vue avant même qu’on me dise qu’elle était le chien qu’on m’avait associé. Elle m’a rappelé un chien que j’ai eu plus jeune. Les experts l’avaient choisi spécifiquement parce que j’ai quelques contraintes: ma femme a une santé fragile et j’ai deux chats avec lesquels mon chien devait s’entendre. Syndelle s’est parfaitement adaptée à la situation et n’a pas eu de mal à s’intégrer à notre famille. De plus, comme c’est une femelle, elle est un peu moins « speed » et plus calme qu’un male et c’est exactement ce qu’il me faillait.  

 

 Avant de m’engager dans ce projet, je traversais un moment vraiment compliqué, je restais chez moi tout le temps et maintenant je vais dehors tous les jours et je vais mieux. Au début je sortais par nécessité pour que Syndelle puisse faire ses besoins, aujourd’hui c’est moi qui ai tout simplement envie d’aller me promener avec elle.  Aussi, quand je suis seul à la maison, dès que ça va un peu moins bien, je peux la caresser, jouer avec elle, etc. Elle m’apaise et me permet de me changer les idées. Elle est vraiment intelligente et elle veille vraiment sur moi. Par exemple, une nuit je commencé à faire un cauchemar et elle à pressenti que ça allait arriver, que je n’allais pas très bien et elle est venu dans ma chambre me réconforter et se mettre à côté de moi. Elle m’aide beaucoup.» 

 

La CABAM et les partenaires solidaires

 

Cette première expérimentation du dispositif n’aurait pu être possible sans le concours de la cellule d’aide aux blessés et d’assistance aux familles de la Marine (CABAM) et de ses partenaires tels que l’Entraide Marine qui a notamment financé l’adoption du chien.

Au cœur de la politique sociale de l’institution, la CABAM a pour rôle d'accompagner les marins blessés ou malades, en leur apportant un soutien administratif, juridique, social et humain. Elle les guide également dans leur réinsertion professionnelle et leur reconstruction par le sport. Ainsi présente à chaque étape, la cellule veille à promouvoir leur intérêt dans le respect des valeurs institutionnelles. Elle concourt également au soutien des familles endeuillées. 

 

 

 

 

Source : Marine nationale