Une journée avec les marins-pompiers de la caserne Pointe-Rouge
Publié le 05/11/2024
17 centres d’incendie et de secours (CIS) intra-muros. Ce nombre élevé de casernes s’explique par l’étendue du territoire protégé par le BMPM, soit 238 kilomètres carrés, mais aussi par le large éventail de missions auxquelles répond le bataillon de marins-pompiers de Marseille. Cols bleus a choisi le CIS Pointe-Rouge pour s’immerger dans le quotidien des marins du feu. Reportage sans filtre mené tambour battant.

07h30 : « Bienvenue au centre d’incendie et de secours Pointe-Rouge. » L’accueil du chef de centre, le lieutenant de vaisseau Quentin, est chaleureux. Cette caserne, où servent 84 marins-pompiers, est l’une des quatre interfaces tournées à la fois vers la terre et la mer, avec celles de la Bigue, de Saumaty et du Frioul. Une particularité qui la rend d’autant plus pertinente pour une immersion de 12 heures car elle peut intervenir sur de nombreux sinistres. Outil ultra polyvalent avec des moyens aquatiques et terrestres, elle dispose d’un tronc commun avec les autres CIS marseillais, à savoir un fourgon d’intervention (FI) et trois véhicules de secours et d’assistance aux victimes (VSAV). « Pas d’échelle car le quartier est essentiellement composé d’habitations individuelles. » Rattachée au groupement opérationnel Sud, la caserne Pointe-Rouge surplombe le port éponyme et se situe seulement à quelques virages du parc national des Calanques. Un petit paradis qui attire près de 2 millions de visiteurs à l’année, et où « le risque de feu en milieu naturel est fort ».
La journée commence pour les uns, et tire sa révérence pour d’autres, pressés de retrouver leur lit afin d’effacer le manque de sommeil. Au BMPM, le service de garde est découpé en « sixièmes » : des cycles de six jours, qui se répètent indéfiniment, avec une différence entre l’hiver - garde de 24h, repos de 24h, garde 24h et repos de 72h, soit dix gardes par mois – et l’été – où le temps de repos peut être plus court, avec un régime d’astreinte ajusté au regard du risque feux de forêt. Dans son bureau, le chef de centre écoute les comptes-rendus de chaque cadre de la garde. L’activité de la nuit a été intense avec un homicide par arme à feu. Le drame a eu lieu dans un quartier un peu éloigné du 8e arrondissement de Marseille, zone résidentielle et cossue, habituellement calme.
08h00 : à la cérémonie des couleurs et au passage de la planche (contrôle de la condition physique) succède l’inventaire des véhicules. « Le matériel doit toujours être prêt. »
09h00 : embarquement sur La Bonne mère de Marseille. Cette vedette appartient à la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM), mais elle est armée par les marins-pompiers. « C’est une spécificité unique en France, souligne le LV Quentin. « Nous sommes aussi l’unique centre de secours à avoir des “plongeurs de bord”, avec un équipage quotidien de 3 à 6 plongeurs. »
Aujourd’hui, deux officiers de la section opérationnelle spécialisée sauvetage aquatique (SOS AQUA), le CC Mathieu et le LV Pierre, conduisent un exercice pour aller rechercher de potentielles victimes. « Nous avons reçu un appel au secours. Un marcheur aurait aperçu des nageurs en détresse, résume le premier maître Franck, patron de la vedette. Nos plongeurs vont sauter à l’eau et contrôler un périmètre donné. »
11h00 : retour à quai. Nettoyage du matériel. Après une douche, l’équipe de secours rend compte au chef de centre.
13h30 : après un déjeuner préparé sur place, démarre le ballet des interventions en VSAV. Rares sont les unités où un quartier-maître peut avoir autant de responsabilités ! Au BMPM, les chefs d’agrès (un véhicule) dirigent en complète autonomie les interventions de secours à personne (ce jour, une crise d’angoisse en milieu scolaire, une chute dans une maison de retraite et une luxation d’épaule à l’École de la Marine marchande) et s’intègrent à un groupe (à partir de deux véhicules) sur des opérations de plus grande ampleur (feux urbains...).
18h00 : retour à la caserne. Fin d’une journée plutôt paisible, « qui n’est pas le reflet du quotidien à Marseille ». Un moment de creux est mis à profit pour faire du sport, essentiel dans la routine du marin-pompier pour maintenir sa condition physique et mentale. Garder une vigilance de tous les instants est impératif.