Portrait : témoignage du CC Marine commandant adjoint navire d’un sous-marin nucléaire lanceur d’engins

publié le Mercredi 01 février 2023

 Portrait : témoignage du CC Marine commandant adjoint navire d’un sous-marin nucléaire lanceur d’engins

Portrait : témoignage du CC Marine commandant adjoint navire d’un sous-marin nucléaire lanceur d’engins

© Marine nationale

Le capitaine de corvette (CC) Marine est commandant adjoint navire (CAN) d’un sous-marin nucléaire lanceur d’engins. À l’occasion de cette semaine consacrée aux forces sous-marines, elle évoque son rôle à bord du SNLE, ce qui l’a poussé à devenir sous-marinier et nous raconte le déroulement d’une journée sous la mer.

Après avoir lu « Le jour ne se lève pas pour nous » de Robert Merle vers 13-14 ans, j’ai su que je voulais devenir sous-marinier. J’étais un peu en avance sur mon temps mais cela me semblait être une expérience extraordinaire. Et c’est effectivement le cas ! Néanmoins, on rentre dans la Marine en se disant que l’on va naviguer, mais il y a aussi beaucoup d’autres postes à occuper, d’autres domaines à découvrir.. Ce qu’il faut retenir, c’est que la chose la plus grande qui soit est de se mettre au service de : notre pays, notre mission, notre équipage, c’est cela qui nous dépasse.

Commandant, quel est le rôle du commandant adjoint navire (CAN) ?

Le CAN est le conseiller technique du commandant, que ce soit à la mer ou lorsque le sous-marin est en entretien, pour tout ce qui concerne les installations du sous-marin, leur fonctionnement, leur entretien et leur conduite, mais également le dépannage en cas d’avarie. Je dois apporter des conseils avisés, des éclairages techniques, proposer des solutions, tout en faisant preuve de discernement, en prenant du recul par rapport à la situation globale du sous-marin ; pour résumer, je dois faciliter au commandant les prises de décisions à court et long terme. Cette relation est basée sur la confiance, car il faut savoir quand agir en autonomie, et quand l’avertir.

Quels sont vos domaines d’actions ?

Ils sont multiples. En m’appuyant sur une équipe de cinquante personnes, mes domaines d’actions vont de la conduite des installations à la gestion des avaries, de l’entretien du matériel à la lutte contre les sinistres, en passant par la surveillance de l’atmosphère, la co-gestion d’un chantier en arrêt technique, ou la préparation des prochaines phases du cycle du sous-marin. A terre il faut gérer les coactivités sur les chantiers, c’est passionnant ! A la mer, mes équipes sont en charge de conduire un réacteur nucléaire, de fabriquer la vapeur qui va produire de l’électricité et assurer la propulsion du navire. Il faut régénérer l’atmosphère du bord, produire de l’eau douce, assurer le bon fonctionnement de la cuisine... Il y a une certaine satisfaction à réparer seul, en patrouille une avarie pour continuer la mission et assurer la permanence de la dissuasion.

Comment se déroule une journée à la mer ?

Lorsque je me lève, je regarde tous les relevés des postes de zones (PCNO, PCP, PCM, PCDG), qui regroupent différentes températures, pressions, niveaux de capacités ; l’évolution des paramètres me permet de m’assurer que tout va bien, je vérifie qu’il n’y a pas d’installation qui dérive.

Il y a bien souvent un exercice sécurité, puis chaque jour je fais le tour des services et postes de quart, car ce qui m’importe c’est de voir les gens, de discuter avec eux. Il faut se rendre compte par soi-même, en local que tout va bien, s’il y a des signaux faibles pour les machines mais pas que, il y en a aussi pour les êtres humains.

L’après-midi est dédiée aux tâches organiques, (présentations des services, inspection des locaux comme sur tous les bâtiments…). Cela permet de s’assurer que rien n’est négligé sur le temps long, car la durée de vie d’un SNLE est de 30 à 40 ans. Nous avons un briefing opérations, puis je m’accorde du temps, je fais notamment du sport pour décompresser, et bouger un peu.

Vous exercez d’autres responsabilités à l’état-major de la Marine, que retenez-vous de ce poste, plus largement de votre carrière embarquée ?

A bord d’un SNLE, ce qui m’a marqué, c’est la concentration des compétences humaines et la technologie. Vous êtes entourés de personnels extrêmement compétents dans leurs domaines, qui continuent en permanence à travailler pour progresser. C’est tout l’équipage qui vit ensemble, en symbiose ; un SNLE vit comme un organisme, machines et hommes. Quand il y a un problème sur une installation, c’est tout le bateau qui se met en ordre de marche, tout le monde met ses compétences au service de l’autre. On a tous besoin des autres, ça rend humble.

 Portrait : témoignage du CC Marine commandant adjoint navire d’un sous-marin nucléaire lanceur d’engins
 Portrait : témoignage du CC Marine commandant adjoint navire d’un sous-marin nucléaire lanceur d’engins

Source : Marine nationale