JEANNE D’ARC 2023 - A l’école des opérations

publié le Vendredi 21 juillet 2023

JEANNE D’ARC 2023 - A l’école des opérations

JEANNE D’ARC 2023 - A l’école des opérations

© Marine nationale

Avec plus de 27500 nautiques parcourus en tout juste 155 jours, 4 grands détroits et 3 océans traversés, la mission Jeanne d’Arc 2023 restera à jamais gravée dans les mémoires des 800 marins et soldats embarqués sur le porte-hélicoptères amphibie (PHA) Dixmude et la frégate La Fayette.

DOSSIER RÉALISE PAR LE CC THOMAS LETOURNEL, L’EV2 MARGAUX BRONNEC, L’ASP MAXENCE LIDDIARD ET PHILIPPE BRICHAUT EN COLLABORATION AVEC LES ÉQUIPES DE COMMUNICATION DE LA MISSION JEANNE D’ARC, LES COMMISSAIRES ÉLÈVES AINSI QUE L’ÉTAT-MAJOR EMBARQUé pour L’EXERCICE CROIX DU SUD.

Les nombreuses actions de coopération avec les pays partenaires, les deux grands exercices interalliés et interarmées conduits dans le golfe du Bengale et au large de la Nouvelle-Calédonie, la navigation dans l’océan Pacifique ou encore le passage du canal de Panama ont également marqué les esprits. Les 160 officiers élèves ont achevé une formation exigeante en pleine mission opérationnelle. Ils ont effectué du quart dans les endroits les plus stratégiques du monde, se sont entrainés avec les marins des marines partenaires et ils ont participé à une double saisie de drogue... Cols bleus vous propose de prendre le large avec eux.

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JEANNE D’ARC 2023

Se déployer autour du monde et dans l’« archipel de France »

Le 25 avril dernier, au cours d’une interview, le ministre des Armées Sébastien Lecornu rappelait que « La France dispose d’un modèle de défense unique [...] parce que nous avons des enjeux de souveraineté sur trois océans, parce que nous devons conserver des capacités expéditionnaires ». Le même jour, à l’autre bout du monde, le PHA Dixmude débarquait 150 soldats de l’armée de Terre en Nouvelle-Calédonie dans le cadre de l’exercice Croix du Sud. Pendant plus de cinq mois, les propos du ministre des Armées ont résonné dans les nombreuses activités conduites par le groupe Jeanne d’Arc 2023. Opérations de lutte contre le narcotrafic, exercices interarmées et interalliés, patrouilles dans les zones économiques exclusives françaises... Les équipages du PHA Dixmude et de la frégate La Fayette, complétés du groupement de l’École d’application des officiers de Marine (GEAOM), d’un groupement tactique embarqué et d’un détachement de l’aviation légère de l’armée de Terre, de la Flottille 35F et de la Flottille amphibie, ont illustré à leur manière ces capacités expéditionnaires de l’État français. Et la mission Jeanne d’Arc a renoué avec une tradition ancienne de la Marine : la circumnavigation.

Un tour du monde en 155 jours

Ce mercredi 8 février, un vent glacial souffle sur le pont d’envol du PHA Dixmude. Une fois les au revoir faits aux familles et les honneurs rendus au chef d’état-major des armées, les marins ont appareillé pour... un tour du monde. Si la formation des futurs officiers de Marine constitue le cœur de cette mission, elle n’en reste pas moins un déploiement opérationnel par lequel la France assure une présence dans des zones d’intérêts stratégiques.

En Méditerranée puis en mer Rouge, tout d’abord. Après avoir franchi le canal de Suez, seuil incontournable du commerce international avec plus d’un milliard de tonnes de marchandises en transit chaque année, le groupe Jeanne d’Arc a fait route vers le détroit de Bab-el-Mandeb, haut lieu de tensions et de risques pour la circulation des navires, dus notamment à la guerre civile au Yémen. Le passage du groupe Jeanne d’Arc a contribué à renforcer la sécurité et la sureté maritime du secteur.

Dans la zone Indopacifique ensuite, avec Djibouti comme porte d’entrée et point d’appui essentiel pour les bâtiments de la Marine. Dans le golfe d’Aden, le PHA Dixmude et la frégate La Fayette ont intégré l’opération européenne Atalanta. Le 3 mars, en mer d’Arabie, les bâtiments français ont réalisé l’un et l’autre une fouille sur deux embarcations suspectes conduisant à la saisie de 300 kg d’héroïne, plus de 200 kg de méthamphétamine et près de 600 kg de résine de cannabis. Pour les officiers élèves, toujours au cœur de l’action, ces opérations ont constitué une opportunité supplémentaire d’appréhender de manière très concrète les enjeux sécuritaires, économiques et politiques attachés aux missions de la Marine en Indopacifique. Constituée de l’océan Indien et du Pacifique Sud, cette immense zone maritime abrite 1,6 million de français et compte 9 millions de km² de zone économique exclusive sous juridiction française. Le passage du groupe Jeanne d’Arc a été l’occasion d’affirmer la crédibilité de la France comme partenaire régional sur qui les nations de la région peuvent compter pour répondre aux crises d’ordre climatique ou sécuritaire. Dans le golfe du Bengale, le groupe a conduit l’exercice Lapérouse avec six partenaires stratégiques impliqués dans la sécurité maritime de la zone Indopacifique. Dans le Pacifique Sud, il a participé à l’exercice Croix du Sud organisé par les forces armées en Nouvelle-Calédonie (FANC). « Ces entraînements permettent de maintenir un haut niveau d’interopérabilité entre des marines partenaires de longue date, qui partagent la même vision des enjeux de sécurité maritime de la zone indopacifique. Cela concourt à la préservation d’un ordre international fondé sur le droit maritime et le multilatéralisme », a souligné le capitaine de vaisseau Emmanuel Mocard, commandant de la mission Jeanne d’Arc 2023 et du PHA Dixmude.

Enfin, les Antilles puis l’Atlantique après avoir emprunté le canal de Panama. Une première pour un porte-hélicoptères amphibie ! Dans cette zone archipélagique des Antilles, à la croisée des océans, la France compte 850 000 ressortissants et se positionne en État à part entière de la communauté caribéenne. La zone maritime des Antilles est souvent sous le feu des projecteurs après des saisies records de cocaïne sur des voiliers ou des go-fast réalisées par les équipages des frégates de surveillance Ventôse et Germinal. La région est aussi confrontée à presque tous les types de catastrophes naturelles, à l’image des violents séismes en Haïti ces dernières années, de l’ouragan Irma ayant dévasté Saint-Martin et Saint-Barthélemy en 2017 ou encore l’éruption volcanique à Saint-Vincent en 2021. Le parcours de la mission Jeanne d’Arc a été élaboré pour faire en sorte que le groupe soit présent en mer des Caraïbes en début de saison cyclonique et puisse intervenir au profit d’une population qui serait touchée par un événement climatique de grande ampleur. Comme pour démontrer la réalité de cette menace, la tempête tropicale Bret a pris la direction de la Martinique alors que le PHA Dixmude accostait à Fort-de-France. Sous commandement des forces armées aux Antilles, les escales et la participation à l’exercice d’évacuation de ressortissant Tchembé ont dû être réarticulés.

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ENCADRÉ

Deux bâtiments, une formation

Le Dixmude et le La Fayette : deux unités précieuses pour le GEAOM. Capable d’accueillir un état-major embarqué et doté de capacités polyvalentes, le PHA est l’outil idéal pour mener des opérations d’assistance ou d’évacuation et protéger les intérêts français ou européens dans les zones traversées. Il est escorté par la frégate La Fayette pendant toute la mission Jeanne d’Arc. Celle-ci assure sa protection et permet notamment aux officiers élèves de s’exercer à la lutte anti-sous-marine grâce au nouveau sonar de coque dont elle a été dotée en 2018 lors de sa rénovation - mise à niveau. Le groupe Jeanne d’Arc offre ainsi aux futurs officiers de Marine un cadre de formation unique, pleinement opérationnel.

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3 questions au capitaine de vaisseau Emmanuel Mocard

Commandant du PHA Dixmude et de la mission Jeanne d’Arc

Que représente la mission Jeanne d’Arc pour les officiers élèves de l’École navale ?

La mission Jeanne d’Arc leur offre un cadre extrêmement concret car ils vivent la mer et les opérations au jour le jour. Il s’agit d’un déploiement opérationnel dans des zones d’intérêts stratégiques avec de forts enjeux économiques, maritimes, sécuritaires ou encore environnementaux. Cela leur permet de décentrer leur regard sur le monde, de constater par eux-mêmes tous les enjeux, de l’Indopacifique, de l’océan Indien, du Pacifique Sud et finalement, à travers chaque escale et interaction avec nos partenaires, de se construire leur propre vision du monde.

Dans un contexte sécuritaire maritime épineux, quel rôle joue la Jeanne d’Arc ?

Aujourd’hui, nous assistons à une forme de territorialisation de la mer due à une compétition accrue autour des ressources halieutiques et minières comme le disait l’amiral Christophe Prazuck, l’ancien chef d’état-major de la Marine. Une zone sans surveillance est un jour pillée, et ce qui est pillé est un jour contesté. Il y a donc un véritable enjeu à protéger nos zones économiques exclusives, à y être présents pour montrer le pavillon français et mener des missions de souveraineté. En plus de cela, un déploiement comme la mission Jeanne d’Arc montre que les armées françaises sont capables de projeter leurs forces loin, longtemps en équipage.

Pourquoi insister sur cette notion d’interopérabilité ?

Pendant cette mission, nous sommes à la fois un capteur et un vecteur de rayonnement et de coopération. Nous coopérons entre autres avec les armées australiennes, indonésiennes, singapouriennes. À chaque étape de notre déploiement, nous interagissons à la fois en mer et à terre, puisqu’au sein du Dixmude, nous avons 155 soldats de l’armée de Terre qui, dès que nous faisons relâche dans un port, vont s’entraîner avec leurs partenaires. L’idée est à chaque fois de renforcer notre capacité à travailler ensemble. Parce qu’une opération aujourd’hui se réalise essentiellement en coalition, il est indispensable d’effectuer régulièrement des exercices avec nos partenaires pour être efficaces au moment opportun.

JEANNE D’ARC 2023

Former au cœur des opérations

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La mission Jeanne d’Arc représente l’aboutissement de la formation des futurs officiers de Marine. Tout au long du parcours, les cours théoriques se mêlent à la pratique pour disposer d’officiers opérationnels dès leur premier poste. Comment cette formation d’excellence façonne-t-elle les commandants de demain ? Quelle est l’importance d’une telle mission dans cet apprentissage quotidien ? Comment devenir un bon commandant ?

Une formation progressive

Une formation qui démarre deux années et demie plus tôt à l’École navale pour les élèves sélectionnés sur concours après une classe préparatoire aux grandes écoles. Après quelques mois de théorie, ils débutent leur formation pratique sur croiseurs et voiliers. Ces derniers offrent une première expérience maritime leur permettant d’appréhender les éléments, le vent et les courants de la rade de Brest. Une progression pas à pas dans le but de construire un savoir-faire et de développer leur sens marin. Les élèves travaillent ensuite les rudiments de la manœuvre sur les embarcations d’instruction : appareillage, accostage, homme à la mer, etc. Une mise en pratique approfondie sur les bâtiments d’instruction à la manœuvre tels que la Vigilante ou l’Engageante. L’École navale est aussi dotée d’un simulateur de navigation où les mises en situation et scénarios sont joués de manière très réaliste pour acquérir les bons gestes en passerelle et créer des automatismes chez les futurs chefs de quart.

Vient ensuite le temps des premières « corvettes ». Les élèves officiers embarquent à bord des bâtiments écoles pour des navigations exigeantes en Atlantique d’une durée de quinze jours. L’ensemble du savoir-faire assimilé à l’École navale et sur les bâtiments précédents y est restitué au cours de navigations côtières et hauturières où les cartes papier, la règle Cras et le sextant côtoient les moyens les plus modernes de navigation.

Des voiliers de l’École navale à la passerelle d’un PHA de 200 mètres de long, l’apprentissage de la navigation est un aller-retour continu entre la théorie et la mer où grâce à la supervision de leurs instructeurs le droit à l’erreur est encore permis pour mieux progresser.

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Une école ouverte sur le monde

Si la majorité de la promotion 2023 est constituée de « bordaches », surnom usuel des élèves de l’École navale (en hommage au Borda, nom du navire qui l’accueillait historiquement), elle est également composée d’officiers de Marine sous contrat (OM/SC), d’officiers élèves étrangers, de commissaires élèves de l’École du commissariat des Armées, mais aussi de stagiaires en formation au sein du Service de santé des Armées (SSA), de la Direction générale de l’armement (DGA), des Affaires maritimes et de l’école de commerce EDHEC Business School. Ensemble, ils suivent des conférences sur de multiples sujets (historiques, géopolitiques, scientifiques, etc.) et se confrontent à la réalité des régions traversées. « Cela permet de développer notre curiosité et d’affûter notre sens critique sur les enjeux géopolitiques et géostratégiques d’aujourd’hui et de demain », précise l’officier élève Rémy. « Cette prise de conscience leur permettra par la suite de décider dans l’action au plus près des réalités de terrain », estime le capitaine de frégate Xavier, directeur de l’enseignement sur le Dixmude.

« Fournir à la Marine de demain des officiers prêts à servir, à commander et à aller au combat. »

La mission Jeanne d’Arc est surtout l’occasion pour ces jeunes marins de se former dans un cadre opérationnel. Les officiers élèves font partie de l’équipage. Une notion essentielle pour garantir le bon déroulement de la mission quand les marins partent loin et longtemps. L’entraînement est quotidien, en situation réelle, avec des marins à diriger. « On apprend à bien connaître les équipes, les locaux et systèmes avec lesquels nous serons amenés à travailler dans nos futures affectations », souligne Rémy. Au central opérations, la simulation de conduite d’une force navale leur permet d’apprendre rapidement les fondamentaux de la tactique navale dans les domaines de la lutte antisurface, anti-sous-marine et anti- aérienne. Les officiers élèves prennent ensuite les fonctions d’officier de lutte de force navale et s’entraînent à faire évoluer virtuellement des unités de combat pour atteindre un effet militaire précis. L’objectif principal ? Être capable d’agir et de décider en autonomie en situation d’affrontement, où chaque manœuvre peut être lourde de conséquences.

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Des élèves bien entourés

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Tout au long de la mission Jeanne d’Arc 2023, près d’une trentaine d’instructeurs supervisent les officiers élèves en formation. Ils assurent une partie des enseignements dispensés à bord, dans la continuité du cursus effectué à Lanvéoc-Poulmic, mais également le suivi et l’évaluation continue de ces derniers. Le premier maître Maxime est l’un d’entre eux. « J’ai vraiment envie de transmettre au mieux ce que mes pairs m’ont appris. » Riche de son expérience embarquée à bord d’un bâtiment de transport léger, d’un patrouilleur de haute mer, d’une frégate de surveillance ou encore du porte-avions, le premier maître Maxime, navigateur-timonier, a beaucoup à apporter à ses élèves. Il leur apprend son métier et les qualités pour être un bon chef de quart : « J’essaie de leur donner des méthodes, de les entraîner pour avoir une base solide », ajoute-t-il.

Responsables de la mise en situation des officiers élèves, les membres d’équipage du PHA Dixmude et de la frégate La Fayette jouent également un rôle essentiel dans la formation des officiers en devenir. Chaque marin, quel que soit son grade, est un acteur clé de leur réussite, à travers la transmission de connaissances, de savoir-faire et d’expériences tout au long de la mission. L’état-major de la mission Jeanne d’Arc est aussi impliqué, notamment lors de séances de questions-réponses avec les officiers élèves sur divers sujets : conciliation entre vie professionnelle et personnelle, erreurs de commandement, comment créer une bonne dynamique au sein de son service, etc. Embarqués, les officiers élèves prennent la mesure de leur engagement et des compétences demandées pour diriger un service, une unité et, à terme, commander un bâtiment de combat.

Commander un équipage

Formation historique des officiers de Marine, la « Jeanne » est par nature au cœur de l’action. Les officiers élèves évoluent en conditions opérationnelles et sont confrontés aux réalités de la mer. Ils sont formés à commander. Pour cela, ils doivent faire preuve d’humilité, qualité essentielle pour être à l’écoute, se remettre en cause et diriger des équipes. Ils doivent s’adapter à chaque situation, être capables de prendre des décisions, savoir diriger, faire preuve d’analyse mais également être conscients des évolutions techniques actuelles. Tant d’enjeux à prendre en compte pour pouvoir s’adapter à chaque situation et avoir un temps d’avance sur l’adversaire. Ces futurs cadres devront faire face à de nombreux défis, qu’ils doivent être prêts à affronter. Cette formation immersive leur apprend à commander et assure leur employabilité immédiate. Pour cela, les officiers doivent réussir à fédérer l’esprit d’équipage et convaincre pour obtenir le meilleur de leurs équipes. En mer, les officiers élèves découvrent de nouveaux horizons, différentes manières de penser le monde. Une approche appuyée grâce aux amitiés nouées avec les officiers élèves étrangers.

Paroles d’officiers élèves

CR3 Joséphine,

Commissaire élève

« Partir en mission Jeanne d’Arc, c’était beaucoup d’appréhension au début et beaucoup d’excitation. Ça permet enfin d’appliquer tous les savoirs acquis depuis deux ans entre l’École des commissaires et l’École navale. »

EV2 Roxane,

Officier élève en filière énergie

« La mission Jeanne d’Arc est la mise en pratique de toute la théorie enseignée à la “Baille”. En tant qu’ENERG, j’apprends la technicité et la difficulté de mon futur métier. Cette formation est un socle solide sur lequel m’appuyer à mes débuts, notamment grâce aux conférences sur des sujets variés qui nous ouvrent à des domaines plus larges et complexes. J’ai aussi eu la chance de piloter l’embarcation rapide du PHA par mer agitée. À cet instant, j’ai réalisé toute la beauté et l’hostilité du milieu maritime. »

LTN Heihachiro,

Officier japonais, artilleur sur destroyer de classe Kongo

« Je suis à bord du Dixmude pour un mois en tant qu’officier élève étranger. Comme les bordaches, j’assiste à de nombreux cours théoriques mais j’ai aussi l’occasion d’occuper la fonction d’adjoint au chef de quart en passerelle. Je suis ravi de cet échange. C’est la première fois qu’un officier japonais est envoyé sur la mission Jeanne d’Arc. La présence de la France dans l’Indopacifique est un moyen d’affirmer son influence dans la zone. Et au regard de la stratégie japonaise dans cette région, nous poursuivons les mêmes buts. »

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Jeanne d’arc 2023

Pièce maîtresse de l’exercice Croix du Sud 2023

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Avril 2023. Un tsunami dévastateur frappe une île du Pacifique. Les blessés se comptent par centaines, les infrastructures sont en grande partie détruites, les secours et les forces de police locales sont débordés et désorganisés. Des milices armées profitent du chaos pour faire régner la terreur dans le nord de l’île. Une coalition internationale décide d’intervenir et porter secours aux populations...

Voici le point de départ du scénario de l’exercice Croix du Sud 2023 qui se déroule en Nouvelle-Calédonie. Les miliciens hostiles en mer sont joués par les gendarmes maritimes de la vedette côtière de surveillance maritime (VCSM) Dumbéa et les marins du patrouilleur La Glorieuse. La coalition internationale est composée des principaux pays partenaires de la région et placée sous le commandement opérationnel du commandant supérieur des forces armées de Nouvelle-Calédonie (FANC). 19 nations, plus de 3000 militaires, 10 navires de surface et 15 aéronefs pour cette édition 2023. Le PHA Dixmude est la pièce maîtresse du dispositif. Un état-major de composante maritime en provenance de Toulon est déployé à bord du bâtiment. Il est chargé de planifier et conduire les opérations maritimes et amphibies dans le cadre de l’exercice.

ENCADRÉ

Croix du Sud est un exercice interarmées et multinatinal organisé tous les deux ans depuis 2002 par les FANC. Il vise à entretenir et approfondir la capacité des partenaires à œuvrer ensemble dans le cadre d’une opération multinationale de secours aux populations sinistrées de type HADR (Humanitarian assistance and disaster relief). L’exercice s’est déroulé en deux phases. Une première, du 24 au 29 avril, consistant à intégrer et entraîner les différentes unités participantes à travailler ensemble. Une seconde, entre le 30 avril et le 6 mai, consacrée au déploiement de fret humanitaire, de moyens de secours et de militaires sur le terrain pour rétablir la sécurité.

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Journal de bord de l’exercice Croix du Sud 2023. Extraits.

24, 25 et 26 avril

Trois premières journées bien remplies pour les états-majors des différentes unités qui ont rejoint la force : briefings, planification, reconnaissances, point météo.

27 avril

Neuf des dix navires de surface engagés dans l’exercice se regroupent au sud de la Nouvelle- Calédonie. La frégate de surveillance (FS) Vendémiaire et le patrouilleur britannique HMS Spey conduisent ensemble un entraînement de défense aérienne. Au même moment, le patrouilleur fidjien RFNS Savenaca et la frégate La Fayette se portent mutuellement assistance en mer. Dans la nuit du 27 au 28, le Vendémiaire, le La Fayette et le HMS Spey testent leurs connaissances et capacités respectives pour la prévention des abordages. Ils évolueront de concert dans les eaux resserrées du lagon de Nouvelle-Calédonie. Évoluer à plusieurs au milieu des récifs n’est pas sans risques, il faut s’y préparer.

28 avril

Dans la matinée, des officiers élèves du groupe école d’application des officiers de Marine (GEAOM) embarquent à bord de l’HMS Spey afin de s’acculturer aux méthodes de travail de la marine royale britannique. Plus tard dans la journée, ce sont les marins anglais qui découvrent les méthodes de travail des français en participant, à bord de la FS Vendémiaire, à un exercice incendie, avec évacuation des blessés vers le patrouilleur.

29 avril

Le général de brigade Valéry Putz, commandant supérieur des forces armées en Nouvelle- Calédonie et commandant de l’exercice Croix du Sud, ainsi que le contre-amiral Cédric Chetaille, commandant la composante maritime, se rendent à bord des différents bâtiments de la force pour évaluer le niveau d’interopérabilité et de coopération au sein du Task group. Les équipages qui n’avaient jamais travaillé ensemble quelques jours auparavant sont désormais en mesure de conduire une opération conjointe. Lors de leur visite à bord du navire de défense australien ADV Reliant, les deux officiers généraux se font présenter une opération intégrée au scénario d’exercice, conduite par des plongeurs démineurs français et australiens, et consistant à déblayer une zone réputée contenir des mines historiques.

Alors que la première phase de l’exercice s’achève dans le sud de l’île, une manifestation pacifique est déclenchée au nord de l’île conformément au scénario. 200 personnes réclament de la nourriture. Le Dixmude s’approche de la zone et fait décoller son drone S100 pour s’assurer en toute discrétion qu’aucun élément hostile ne tente de tirer parti de la situation.

30 avril

La FS Vendémiaire et le patrouilleur HMS Spey s’approchent de la baie de Koumac. La VCSM Dumbéa, aux mains d’une milice hostile essaye d’entraver leur déplacement. Une phase d’intimidation et de négociation s’engage avec les miliciens. Ils finissent par se replier. Cela permet au HMS Spey de tenir le lagon afin d’assurer la protection du PHA Dixmude qui doit procéder à une opération amphibie le lendemain.

1er mai

Le Dixmude entre en scène. Une section de soldats fidjiens embarquée la veille à Nouméa est débarquée sur la plage de Koumac en engin de débarquement amphibie rapide. Ces militaires sont ensuite rejoints par des éléments de l’armée de Terre du groupement tactique embarqué et des FANC pour sécuriser la zone.

2 mai

La situation à terre autorise la livraison de fret humanitaire et de vivres. Elle permet également l’intervention d’organismes non gouvernementaux comme la Croix Rouge, l’ordre de Malte, le Secours catholique ou encore France volontaires qui participent à l’exercice.

3 mai

Le P400 La Glorieuse, armé par des miliciens hostiles, constitue une menace asymétrique. Il prépare une attaque contre le groupe d’action de surface composé de la FS Vendémiaire, le HMS Spey et le bâtiment de soutien et d’assistance outre-mer (BSAOM) D’Entrecasteaux. Échappant à toute détection depuis la veille, il est finalement repéré par le BSAOM grâce à l’identification d’une émission radioélectrique. L’USS Oakland de la marine américaine le neutralise... fictivement.

4 mai

La force dispose maintenant d’une totale liberté de manœuvre pour effectuer ses opérations humanitaires. Le lendemain, tous les objectifs fixés sont atteints. La force se désengage de la région de Koumac et fait route vers Nouméa afin de permettre à tous de participer au débriefing de l’exercice.

3 Questions au contre-amiral Cédric Chetaille,

Commandant la force maritime pendant Croix du Sud 2023

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Cols bleus : Amiral, pouvez-vous expliquer l’objectif de l’exercice Croix du Sud ?

Contre-amiral Cédric Chetaille : Croix du Sud est un exercice régional qui a lieu tous les deux ans, organisé par le commandement des forces armées en Nouvelle-Calédonie (FANC). Différents acteurs sont réunis autour d’un scénario d’assistance et d’aide à la population après une catastrophe naturelle. Les catastrophes naturelles sont fréquentes dans la région : cyclones, éruptions volcaniques, tsunamis... Il s’agit donc d’un exercice dont le scénario est très crédible et répond aux préoccupations locales. Pour être mené à bien, cet exercice nécessite l’emploi d’une force militaire qui soit capable d’agir de concert avec des partenaires civils comme des associations ou des organismes de secours. Enfin, comme il s’agit d’un exercice régional, la force militaire mobilisée autour des FANC réunit divers éléments : des renforts de métropole, comme l’état-major embarqué, mais aussi des partenaires d’autres nations en provenance d’Europe comme le Royaume-Uni ou plus locales avec les îles Fidji.

C. B. : C’est la première fois qu’un état-major embarqué est déployé pour cet exercice. En quoi est-ce important ?

C-A C. C. : C’est une conséquence du volume des moyens maritimes déployés, plus importants cette année que lors des précédentes éditions. La participation d’une dizaine de navires, impliquant plus d’un millier de marins, justifie la présence de ce que l’on appelle un état-major embarqué. Il s’agit en fait de marins, d’officiers d’autres armées et d’officiers alliés ainsi que de renforts pris sur la substance du Dixmude, qui ont pour mission de planifier et de conduire, sous ma direction, les opérations maritimes et amphibies. Cela afin d’être en mesure de répondre à toutes sortes de scénarios. Par ailleurs, il y a une grande diversité de bâtiments engagés dans l’exercice, allant du grand navire de combat au patrouilleur : cela nécessite d’être en mesure de coordonner l’activité de ces différents types d’unité et d’en synchroniser les effets. La participation inédite d’un PHA, qui accroît significativement les capacités de projection par aéronefs et moyens amphibies, nécessite là aussi un commandement renforcé garantissant le bon emploi et la bonne coordination des forces. Enfin, le déploiement de cet état-major contribue à une meilleure connaissance et visibilité de cette zone du Pacifique, où les enjeux pour la France sont très importants.

C. B. : Un volet influence occupe une place importante pour l’exercice Croix du Sud, pouvez-vous en expliquer les raisons ?

C-A C. C. : L’influence constitue une nouvelle fonction stratégique définie par le président de la République dans la revue nationale stratégique de 2023. L’idée est que toute activité dans l’espace réel en mer, à terre ou dans les airs, doit être accompagnée d’une manœuvre dans ce que l’on appelle le champ des perceptions. Il s’agit de faire comprendre notre action et de la faire accepter, pour une audience large et diverse. Dans le cadre de Croix du Sud, l’objectif est de parfaitement expliquer les intentions de la force, d’établir de bons rapports avec une population sous le choc d’une catastrophe et de faciliter les interactions que l’on pourrait avoir avec elle. Tout cela n’est évidemment pas naturel. Il est donc important que nos marins, nos états-majors et nos partenaires s’entraînent à agir dans ce domaine pour investir pleinement la sphère de l’information, mettre en valeur notre action et démultiplier ses effets.

Source : Marine nationale


Aéronautique navale 1940 - Premier bombardement sur Berlin

publié le Mardi 06 juin 2023

 Aéronautique navale 1940 - Premier bombardement sur Berlin

Aéronautique navale 1940 - Premier bombardement sur Berlin

© Marine nationale

Dans la nuit du 7 au 8 juin 1940 la capitale du IIIème Reich connait sa première alerte aérienne. Les usines Siemens, situées dans la banlieue nord de la ville viennent d’être bombardées par un avion appartenant à l’aéronautique navale française, un Farman 223.4 commandé par le capitaine de corvette Henri Daillière et appartenant à l’escadrille E5 stationnée à Lanvéoc-Poulmic.

Les Farman 223.4 ont été construits en 3 exemplaires. Ils étaient destinés aux liaisons postales transatlantiques d’Air-France. Sortis des chaines d’assemblages en 1939, ils ont été rapidement mobilisés. Destinés à l’armée de l’air, elle ne les a finalement pas retenus pour servir de bombardiers car trop lents pour opérer sur le front. La Marine ayant besoin d’appareils de patrouilles maritimes afin de repérer les cuirassés allemands Graf Von Spee et Admiral Scheer qui attaquaient les convois commerciaux dans l’atlantique, les trois appareils lui sont affectés. Il s’agit des Farman 223.4 baptisés :   Camille Flammarion, Le Verrier et Jules Verne. Une fois la menace des cuirassés allemands dans l’atlantique éliminée, il est envisagé d’employer ces appareils pour mouiller des mines ou effectuer des bombardements dans le golfe de Botnie situé entre la Finlande et la Suède et par où transitent les minéraliers chargés d’approvisionner l’Allemagne en fer. L’offensive allemande commencée le 10 mai 1940 vient perturber ce projet. Les Farman 223.4 sont mis à disposition du grand quartier général (GQG) de l’armée de l’Air afin d’effectuer des bombardements sur les arrières de l’ennemi.

Premiers bombardements

Pour effectuer des missions de bombardements ou de mouillage de mine les appareils ont été modifiés. Les réservoirs sont passé de 14 000 à 18 000 litres. Les avions n’ayant pas de soute a bombe, des lance-bombes ont été fixés sous le ventre des appareils. Ils peuvent emporter sous leurs ailes deux bombes de 450 kg ou 8 de 200 kg s’ajoute à cela 80 bombes incendiaires ou explosives de 10 kg devant être larguées manuellement depuis la porte. Pour l’autodéfense, une mitrailleuse de 7,5 mm est enfin installée. Compte tenu de ces modifications les appareils ne peuvent que rarement dépasser les 200 km/h, il leur sera difficile d’échapper à la chasse allemande, raison pour laquelle ils sont recouvert d’une peinture sombre car ils effectueront leurs missions de nuit. Le 10 mai, seul le Jules Verne est prêt. Le 13 mai 1940 à 19H30, l’appareil décolle de Lanvéoc pour sa première mission de bombardement, objectif : la gare de triage d’Aix la Chapelle. Afin d’échapper à la DCA et à la chasse allemande Il n’est pas question de faire route directement vers l’objectif. Après avoir survolé Brest, direction le nord du cotentin, puis la Manche et le Pas-de-Calais. L’appareil franchit la côte entre Ostende et Nieuport. Il traverse toute la Belgique en diagonale pour atteindre son objectif vers minuit. Le retour est effectué selon le même itinéraire. A 04H00 il se pose à Lanvéoc après un vol de 1700 km. A sept reprise au cours du mois de mai le Jules Verne renouvela ces opérations sur Aix-la-Chapelle, Anvers, la digue de Walcheren et sur le terrain d’aviation de Flessingue.  Le 3 juin 1940 la Luftwaffe bombarde pour la première fois Paris. Les états-majors français cherchent à rendre la pareille aux allemands, pas pour changer le cours des opérations mais pour tenter de relever le moral du pays.

Direction Berlin !

Le 6 Juin l’équipage du Jules Verne reçoit l’ordre de gagner l’aéroport de Mérignac à proximité de Bordeaux. La piste, plus longue que celle de Lanvéoc devant lui permettre de décoller à pleine charge. Le 7 à 15H30 l’avion, surchargé, décolle difficilement. A bord, le capitaine de corvette Daillière commande la mission. L’enseigne de vaisseau Comet est navigateur, le premier maître Yonnet pilote, le maître Corneillet est le mécanicien du bord, le maître Scour, radio et le second maître Deschamps mitrailleur et bombardier. Se joint à l’équipage le lieutenant de vaisseau Menvielle en provenance de l’amirauté, c’est lui qui a préparé la mission. L’appareil fait route au nord, passe au-dessus de Ouistreham, remonte la manche, le pas de calais, la mer du nord. Il survole ensuite le Danemark, la baltique et entre en Allemagne en survolant Rostock. Berlin n’est plus qu’à 40 minutes de vol. Conforté par le fait que les ministres Nazis Goering et Goebbels avaient promis que Berlin ne serait jamais bombardée, la surveillance allemande ne s’alarme pas et prend le Jules Verne pour l’un de ses patrouilleurs. L’avion français se présente devant l’aéroport militaire de Tempelhof dont tous les feux sont allumés. Pour pénétrer l’espace aérien de la ville le pilote simule une panne puis un atterrissage raté. L’appareil est maintenant à cent mètres d’altitudes au-dessus de la ville toute illuminée sans avoir déclenché l’alerte. Il survole plusieurs fois la même zone en désynchronisant ses moteurs pour donner l’impression qu’il s’agit d’une escadrille au complet puis fonce vers sa cible : les usines Siemens situées dans la banlieue de la capitale du IIIème Reich. Cinq grosses bombes et l’ensemble des bombes incendiaires à main sont larguées au premier passage. Un deuxième est nécessaire pour livrer les 3 dernières bombes placées sous le ventre de l’appareil. La défense aérienne s’est réveillée, la ville s’éteint et les projecteurs de lutte anti-aériennes cherchent le Jules Verne. Le pilote manœuvre en tous sens, piqués, virages serrés, manœuvres aléatoires et échappe ainsi aux tirs des canons et des mitrailleuses anti-aériennes. L’équipage doit maintenant parcourir plus de 800 km au-dessus d’un territoire contrôlé par l’ennemi car il a juste assez de carburant pour rallier directement l’aérodrome d’Orly au sud de Paris où il se pose à 6H45 le 8 juin 1940. Après une courte escale pour faire le plein, le Jules Verne décolle à nouveau pour rallier Lanvéoc. Le jour même un communiqué officiel de l’amirauté française déclare : « Une formation de l'aéronautique navale a bombardé des objectifs militaires à Berlin». Avant la signature de l’armistice le Jules Verne effectuera encore quelques bombardements : sur les usines Heinckel, à Rostock, des dépôts pétroliers près de Venise et la base navale italienne de Livourne. L’appareil, rendu à Air France après la fin des combats ne recevra jamais d’autorisation allemande pour effectuer des vols commerciaux. Il périt dans un incendie sur l’aérodrome de Marignane.

 Aéronautique navale 1940 - Premier bombardement sur Berlin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Aéronautique navale 1940 - Premier bombardement sur Berlin

Source : Marine nationale


Aéronautique navale 1940 - Premier bombardement sur Berlin

publié le Mardi 06 juin 2023

 Aéronautique navale 1940 - Premier bombardement sur Berlin

Aéronautique navale 1940 - Premier bombardement sur Berlin

© Marine nationale

Dans la nuit du 7 au 8 juin 1940 la capitale du IIIème Reich connait sa première alerte aérienne. Les usines Siemens, situées dans la banlieue nord de la ville viennent d’être bombardées par un avion appartenant à l’aéronautique navale française, un Farman 223.4 commandé par le capitaine de corvette Henri Daillière et appartenant à l’escadrille E5 stationnée à Lanvéoc-Poulmic.

Les Farman 223.4 ont été construits en 3 exemplaires. Ils étaient destinés aux liaisons postales transatlantiques d’Air-France. Sortis des chaines d’assemblages en 1939, ils ont été rapidement mobilisés. Destinés à l’armée de l’air, elle ne les a finalement pas retenus pour servir de bombardiers car trop lents pour opérer sur le front. La Marine ayant besoin d’appareils de patrouilles maritimes afin de repérer les cuirassés allemands Graf Von Spee et Admiral Scheer qui attaquaient les convois commerciaux dans l’atlantique, les trois appareils lui sont affectés. Il s’agit des Farman 223.4 baptisés :   Camille Flammarion, Le Verrier et Jules Verne. Une fois la menace des cuirassés allemands dans l’atlantique éliminée, il est envisagé d’employer ces appareils pour mouiller des mines ou effectuer des bombardements dans le golfe de Botnie situé entre la Finlande et la Suède et par où transitent les minéraliers chargés d’approvisionner l’Allemagne en fer. L’offensive allemande commencée le 10 mai 1940 vient perturber ce projet. Les Farman 223.4 sont mis à disposition du grand quartier général (GQG) de l’armée de l’Air afin d’effectuer des bombardements sur les arrières de l’ennemi.

Premiers bombardements

Pour effectuer des missions de bombardements ou de mouillage de mine les appareils ont été modifiés. Les réservoirs sont passé de 14 000 à 18 000 litres. Les avions n’ayant pas de soute a bombe, des lance-bombes ont été fixés sous le ventre des appareils. Ils peuvent emporter sous leurs ailes deux bombes de 450 kg ou 8 de 200 kg s’ajoute à cela 80 bombes incendiaires ou explosives de 10 kg devant être larguées manuellement depuis la porte. Pour l’autodéfense, une mitrailleuse de 7,5 mm est enfin installée. Compte tenu de ces modifications les appareils ne peuvent que rarement dépasser les 200 km/h, il leur sera difficile d’échapper à la chasse allemande, raison pour laquelle ils sont recouvert d’une peinture sombre car ils effectueront leurs missions de nuit. Le 10 mai, seul le Jules Verne est prêt. Le 13 mai 1940 à 19H30, l’appareil décolle de Lanvéoc pour sa première mission de bombardement, objectif : la gare de triage d’Aix la Chapelle. Afin d’échapper à la DCA et à la chasse allemande Il n’est pas question de faire route directement vers l’objectif. Après avoir survolé Brest, direction le nord du cotentin, puis la Manche et le Pas-de-Calais. L’appareil franchit la côte entre Ostende et Nieuport. Il traverse toute la Belgique en diagonale pour atteindre son objectif vers minuit. Le retour est effectué selon le même itinéraire. A 04H00 il se pose à Lanvéoc après un vol de 1700 km. A sept reprise au cours du mois de mai le Jules Verne renouvela ces opérations sur Aix-la-Chapelle, Anvers, la digue de Walcheren et sur le terrain d’aviation de Flessingue.  Le 3 juin 1940 la Luftwaffe bombarde pour la première fois Paris. Les états-majors français cherchent à rendre la pareille aux allemands, pas pour changer le cours des opérations mais pour tenter de relever le moral du pays.

Direction Berlin !

Le 6 Juin l’équipage du Jules Verne reçoit l’ordre de gagner l’aéroport de Mérignac à proximité de Bordeaux. La piste, plus longue que celle de Lanvéoc devant lui permettre de décoller à pleine charge. Le 7 à 15H30 l’avion, surchargé, décolle difficilement. A bord, le capitaine de corvette Daillière commande la mission. L’enseigne de vaisseau Comet est navigateur, le premier maître Yonnet pilote, le maître Corneillet est le mécanicien du bord, le maître Scour, radio et le second maître Deschamps mitrailleur et bombardier. Se joint à l’équipage le lieutenant de vaisseau Menvielle en provenance de l’amirauté, c’est lui qui a préparé la mission. L’appareil fait route au nord, passe au-dessus de Ouistreham, remonte la manche, le pas de calais, la mer du nord. Il survole ensuite le Danemark, la baltique et entre en Allemagne en survolant Rostock. Berlin n’est plus qu’à 40 minutes de vol. Conforté par le fait que les ministres Nazis Goering et Goebbels avaient promis que Berlin ne serait jamais bombardée, la surveillance allemande ne s’alarme pas et prend le Jules Verne pour l’un de ses patrouilleurs. L’avion français se présente devant l’aéroport militaire de Tempelhof dont tous les feux sont allumés. Pour pénétrer l’espace aérien de la ville le pilote simule une panne puis un atterrissage raté. L’appareil est maintenant à cent mètres d’altitudes au-dessus de la ville toute illuminée sans avoir déclenché l’alerte. Il survole plusieurs fois la même zone en désynchronisant ses moteurs pour donner l’impression qu’il s’agit d’une escadrille au complet puis fonce vers sa cible : les usines Siemens situées dans la banlieue de la capitale du IIIème Reich. Cinq grosses bombes et l’ensemble des bombes incendiaires à main sont larguées au premier passage. Un deuxième est nécessaire pour livrer les 3 dernières bombes placées sous le ventre de l’appareil. La défense aérienne s’est réveillée, la ville s’éteint et les projecteurs de lutte anti-aériennes cherchent le Jules Verne. Le pilote manœuvre en tous sens, piqués, virages serrés, manœuvres aléatoires et échappe ainsi aux tirs des canons et des mitrailleuses anti-aériennes. L’équipage doit maintenant parcourir plus de 800 km au-dessus d’un territoire contrôlé par l’ennemi car il a juste assez de carburant pour rallier directement l’aérodrome d’Orly au sud de Paris où il se pose à 6H45 le 8 juin 1940. Après une courte escale pour faire le plein, le Jules Verne décolle à nouveau pour rallier Lanvéoc. Le jour même un communiqué officiel de l’amirauté française déclare : « Une formation de l'aéronautique navale a bombardé des objectifs militaires à Berlin». Avant la signature de l’armistice le Jules Verne effectuera encore quelques bombardements : sur les usines Heinckel, à Rostock, des dépôts pétroliers près de Venise et la base navale italienne de Livourne. L’appareil, rendu à Air France après la fin des combats ne recevra jamais d’autorisation allemande pour effectuer des vols commerciaux. Il périt dans un incendie sur l’aérodrome de Marignane.

 Aéronautique navale 1940 - Premier bombardement sur Berlin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Aéronautique navale 1940 - Premier bombardement sur Berlin

Source : Marine nationale


La Marine rend un dernier hommage à Jacques Perrin

publié le Vendredi 02 juin 2023

 La Marine rend un dernier hommage à Jacques Perrin

La Marine rend un dernier hommage à Jacques Perrin

© Marine nationale

Le 30 mai 2023, à l’occasion de la dispersion de ses cendres depuis le cotre Mutin, la Marine a rendu un dernier hommage au cinéaste Jacques Perrin, artiste dont le lien avec la Marine était aussi fort qu’ancien.

L'acteur, réalisateur et producteur Jacques Perrin avait en effet été promu capitaine de frégate dans la réserve citoyenne le 17 juillet 2012, une promotion reçue des mains de l’amiral Bernard Rogel. Alors chef d’état-major de la Marine, il avait rappelé à cette occasion les liens étroits tissés par le cinéaste avec l’institution.

Quelques années plus tard, en 2015, sa carrière cinématographique prolifique lui avait valu d’être intégré dans le corps des peintres officiels de la Marine. Jacques Perrin était ainsi reconnu comme ambassadeur de la Marine auprès des Français et, plus largement, du monde artistique et culturel. Acteur dans le mythique « Crabe Tambour », réalisateur du film « Le Peuple migrateur » et de sa fameuse scène de décollage d’une escadrille de bernaches nonettes depuis la plateforme hélicoptère de la FASM Latouche-Tréville, sa vie artistique a été parsemée de clins d’œil à la Marine.

Les valeurs communes partagées par la Marine et Jacques Perrin sont certainement à l’origine de nombreuses vocations de militaires et de marins.

Après son décès le 21 avril 2022 à l’âge de 80 ans, un hommage national lui avait été rendu le 29 avril aux Invalides, au cours duquel son cercueil fût porté par des marins. Au cours de cet hommage, le porte-parole du ministère des Armées, Hervé Grandjean, avait également salué la mémoire de cette « figure emblématique » qu’il avait représentée, « à laquelle des générations d’officiers et de militaires français se sont identifiées ».

Le dernier hommage de la Marine à Jacques Perrin a été rendu le 30 mai, par la dispersion de ses cendres à partir du Mutin, en présence de sa famille, conformément à sa volonté.

 La Marine rend un dernier hommage à Jacques Perrin

Source : Marine nationale


La Marine rend un dernier hommage à Jacques Perrin

publié le Vendredi 02 juin 2023

 La Marine rend un dernier hommage à Jacques Perrin

La Marine rend un dernier hommage à Jacques Perrin

© Marine nationale

Le 30 mai 2023, à l’occasion de la dispersion de ses cendres depuis le cotre Mutin, la Marine a rendu un dernier hommage au cinéaste Jacques Perrin, artiste dont le lien avec la Marine était aussi fort qu’ancien.

L'acteur, réalisateur et producteur Jacques Perrin avait en effet été promu capitaine de frégate dans la réserve citoyenne le 17 juillet 2012, une promotion reçue des mains de l’amiral Bernard Rogel. Alors chef d’état-major de la Marine, il avait rappelé à cette occasion les liens étroits tissés par le cinéaste avec l’institution.

Quelques années plus tard, en 2015, sa carrière cinématographique prolifique lui avait valu d’être intégré dans le corps des peintres officiels de la Marine. Jacques Perrin était ainsi reconnu comme ambassadeur de la Marine auprès des Français et, plus largement, du monde artistique et culturel. Acteur dans le mythique « Crabe Tambour », réalisateur du film « Le Peuple migrateur » et de sa fameuse scène de décollage d’une escadrille de bernaches nonettes depuis la plateforme hélicoptère de la FASM Latouche-Tréville, sa vie artistique a été parsemée de clins d’œil à la Marine.

Les valeurs communes partagées par la Marine et Jacques Perrin sont certainement à l’origine de nombreuses vocations de militaires et de marins.

Après son décès le 21 avril 2022 à l’âge de 80 ans, un hommage national lui avait été rendu le 29 avril aux Invalides, au cours duquel son cercueil fût porté par des marins. Au cours de cet hommage, le porte-parole du ministère des Armées, Hervé Grandjean, avait également salué la mémoire de cette « figure emblématique » qu’il avait représentée, « à laquelle des générations d’officiers et de militaires français se sont identifiées ».

Le dernier hommage de la Marine à Jacques Perrin a été rendu le 30 mai, par la dispersion de ses cendres à partir du Mutin, en présence de sa famille, conformément à sa volonté.

 La Marine rend un dernier hommage à Jacques Perrin

Source : Marine nationale


La Marine rend un dernier hommage à Jacques Perrin

publié le Vendredi 02 juin 2023

 La Marine rend un dernier hommage à Jacques Perrin

La Marine rend un dernier hommage à Jacques Perrin

© Marine nationale

Le 30 mai 2023, à l’occasion de la dispersion de ses cendres depuis le cotre Mutin, la Marine a rendu un dernier hommage au cinéaste Jacques Perrin, artiste dont le lien avec la Marine était aussi fort qu’ancien.

L'acteur, réalisateur et producteur Jacques Perrin avait en effet été promu capitaine de frégate dans la réserve citoyenne le 17 juillet 2012, une promotion reçue des mains de l’amiral Bernard Rogel. Alors chef d’état-major de la Marine, il avait rappelé à cette occasion les liens étroits tissés par le cinéaste avec l’institution.

Quelques années plus tard, en 2015, sa carrière cinématographique prolifique lui avait valu d’être intégré dans le corps des peintres officiels de la Marine. Jacques Perrin était ainsi reconnu comme ambassadeur de la Marine auprès des Français et, plus largement, du monde artistique et culturel. Acteur dans le mythique « Crabe Tambour », réalisateur du film « Le Peuple migrateur » et de sa fameuse scène de décollage d’une escadrille de bernaches nonettes depuis la plateforme hélicoptère de la FASM Latouche-Tréville, sa vie artistique a été parsemée de clins d’œil à la Marine.

Les valeurs communes partagées par la Marine et Jacques Perrin sont certainement à l’origine de nombreuses vocations de militaires et de marins.

Après son décès le 21 avril 2022 à l’âge de 80 ans, un hommage national lui avait été rendu le 29 avril aux Invalides, au cours duquel son cercueil fût porté par des marins. Au cours de cet hommage, le porte-parole du ministère des Armées, Hervé Grandjean, avait également salué la mémoire de cette « figure emblématique » qu’il avait représentée, « à laquelle des générations d’officiers et de militaires français se sont identifiées ».

Le dernier hommage de la Marine à Jacques Perrin a été rendu le 30 mai, par la dispersion de ses cendres à partir du Mutin, en présence de sa famille, conformément à sa volonté.

 La Marine rend un dernier hommage à Jacques Perrin

Source : Marine nationale


Cols bleus 3109 : le Renseignement à la Une !

publié le Mardi 03 janvier 2023

 Cols bleus 3109 : le Renseignement à la Une !

Cols bleus 3109 : le Renseignement à la Une !

© Marine nationale

Connaître et comprendre pour anticiper, prendre des décisions et agir : le renseignement est un instrument majeur de souveraineté dans le domaine militaire et décisionnel. Cols bleus y consacre un dossier spécial en textes, images et témoignages.

Parce que le renseignement est la base de toute planification et conduite des opérations, parce qu’il est l’affaire de tous, Cols bleus décrypte et donne à comprendre de l’intérieur le renseignement militaire et d’intérêt maritime. Organisation, moyens, apport aux opérations et métiers… Trente ans après la création de la DRM, chef de file de la fonction interarmées du renseignement, découvrez une (r)évolution en marche, la relation fondamentale entre la Marine et la DRM et le rôle majeur des marins. Avec en ouverture, un récit inédit. Autre inédit : une interview exclusive entre l’amiral Pierre Vandier, chef d’état major de la Marine (CEMM) et le général Langlade de Montgros, directeur du renseignement militaire (DRM) qui livrent leur vision sur cette fonction stratégique.

La rédaction vous propose également une immersion au cœur de la très exigeante formation des nageurs de combat et un retour sur les 60 ans de la mythique Alouette III qui prend une retraite bien méritée. Des missions de soutien à la lutte anti-sous-marine, en passant par le sauvetage en mer et des interventions d’exception, les 49 Alouette III de la Marine auront tout connu au gré de leurs embarquements sur toutes les mers du monde.  

Dans ses pages RH, la Marine renouvelle son engagement dans la lutte contre les discriminations et les violences sexuelles. Elle met enfin en lumière l’importance de savoir récompenser des marins qui, au quotidien, accomplissent des actes extraordinaires.

Lien vers le PDF

Source : Marine nationale


Histoire : Le Rubis décoré de la Croix de la Libération

publié le Vendredi 14 octobre 2022

 Histoire : Le Rubis décoré de la Croix de la Libération

Histoire : Le Rubis décoré de la Croix de la Libération

© Marine nationale

Il y a 81 ans, le Rubis, sous-marin appartenant aux FNFL était décoré de la Croix de la Libération par le général de Gaulle.

 « Bâtiment qui n'a pas cessé une seule heure de servir la France dans la guerre depuis le début des hostilités et dont l'état-major et l'équipage ont fait preuve des plus belles qualités guerrières en accomplissant de nombreuses et périlleuses missions dans les eaux ennemies. A infligé aux transports maritimes allemands des pertes sévères. Très sérieusement endommagé au cours d'une attaque, a réussi à regagner sa base au prix d'efforts inouïs du personnel en traversant un champ de mines très dangereux ».

C’est par cette citation que le général de Gaulle décore de la Croix de la Libération le sous-marin Rubis le 14 octobre 1941.

Cette décoration fait suite au fait d’armes réalisé par ce sous-marin mouilleur de mines au cours de sa dixième patrouille du 14 au 25 août 1941.

Elle rappelle aussi l’engagement de la première heure du sous-marin auprès des Forces Navales Françaises Libres (FNFL).

Le sous-marin Rubis devait miner les accès nord et sud d’Egersund en Norvège. A l’issue du second mouillage de 18 mines, le Rubis aperçoit un convoi et décide de l’attaquer à la torpille. Le bâtiment de tête, un cargo de 4000 tonnes n’est qu’à 300 m lorsqu’il est touché par une des torpilles. Le Rubis se pose sur le fond à 45 m et fait le mort. Malheureusement, les explosions du cargo très proche provoquent une voie d’eau au panneau avant et endommagent la batterie principale dont l’acide commence à fuir dans le bord. Le sous-marin réussit à faire surface au cours de la nuit mais les vapeurs d’acide et la fumée sont telles que la totalité de l’équipage se réfugie sur l’abri de navigation et le pont. Seuls les électriciens descendent avec des masques à gaz pour essayer de réparer la batterie.

Grâce à une réparation de fortune, le Rubis réussit à fait route vers Dundee à faible vitesse. Guidé par 3 avions anglais, il traversera un champ de mines allemands avant d’être pris en charge par une escorte composée d’un croiseur, trois destroyers, deux chalutiers et un remorqueur.

Lorsqu’il accoste à Dundee le 25 août, il compte une nouvelle victime à son tableau de chasse : un chasseur de sous-marin allemand ayant sauté sur une de ses mines mouillées en Norvège.

 Histoire : Le Rubis décoré de la Croix de la Libération
 Histoire : Le Rubis décoré de la Croix de la Libération

Source : Marine nationale


Histoire : Le Rubis décoré de la Croix de la Libération

publié le Vendredi 14 octobre 2022

 Histoire : Le Rubis décoré de la Croix de la Libération

Histoire : Le Rubis décoré de la Croix de la Libération

© Marine nationale

Il y a 81 ans, le Rubis, sous-marin appartenant aux FNFL était décoré de la Croix de la Libération par le général de Gaulle.

 « Bâtiment qui n'a pas cessé une seule heure de servir la France dans la guerre depuis le début des hostilités et dont l'état-major et l'équipage ont fait preuve des plus belles qualités guerrières en accomplissant de nombreuses et périlleuses missions dans les eaux ennemies. A infligé aux transports maritimes allemands des pertes sévères. Très sérieusement endommagé au cours d'une attaque, a réussi à regagner sa base au prix d'efforts inouïs du personnel en traversant un champ de mines très dangereux ».

C’est par cette citation que le général de Gaulle décore de la Croix de la Libération le sous-marin Rubis le 14 octobre 1941.

Cette décoration fait suite au fait d’armes réalisé par ce sous-marin mouilleur de mines au cours de sa dixième patrouille du 14 au 25 août 1941.

Elle rappelle aussi l’engagement de la première heure du sous-marin auprès des Forces Navales Françaises Libres (FNFL).

Le sous-marin Rubis devait miner les accès nord et sud d’Egersund en Norvège. A l’issue du second mouillage de 18 mines, le Rubis aperçoit un convoi et décide de l’attaquer à la torpille. Le bâtiment de tête, un cargo de 4000 tonnes n’est qu’à 300 m lorsqu’il est touché par une des torpilles. Le Rubis se pose sur le fond à 45 m et fait le mort. Malheureusement, les explosions du cargo très proche provoquent une voie d’eau au panneau avant et endommagent la batterie principale dont l’acide commence à fuir dans le bord. Le sous-marin réussit à faire surface au cours de la nuit mais les vapeurs d’acide et la fumée sont telles que la totalité de l’équipage se réfugie sur l’abri de navigation et le pont. Seuls les électriciens descendent avec des masques à gaz pour essayer de réparer la batterie.

Grâce à une réparation de fortune, le Rubis réussit à fait route vers Dundee à faible vitesse. Guidé par 3 avions anglais, il traversera un champ de mines allemands avant d’être pris en charge par une escorte composée d’un croiseur, trois destroyers, deux chalutiers et un remorqueur.

Lorsqu’il accoste à Dundee le 25 août, il compte une nouvelle victime à son tableau de chasse : un chasseur de sous-marin allemand ayant sauté sur une de ses mines mouillées en Norvège.

 Histoire : Le Rubis décoré de la Croix de la Libération
 Histoire : Le Rubis décoré de la Croix de la Libération

Source : Marine nationale


Histoire : Le Rubis décoré de la Croix de la Libération

publié le Vendredi 14 octobre 2022

 Histoire : Le Rubis décoré de la Croix de la Libération

Histoire : Le Rubis décoré de la Croix de la Libération

© Marine nationale

Il y a 81 ans, le Rubis, sous-marin appartenant aux FNFL était décoré de la Croix de la Libération par le général de Gaulle.

 « Bâtiment qui n'a pas cessé une seule heure de servir la France dans la guerre depuis le début des hostilités et dont l'état-major et l'équipage ont fait preuve des plus belles qualités guerrières en accomplissant de nombreuses et périlleuses missions dans les eaux ennemies. A infligé aux transports maritimes allemands des pertes sévères. Très sérieusement endommagé au cours d'une attaque, a réussi à regagner sa base au prix d'efforts inouïs du personnel en traversant un champ de mines très dangereux ».

C’est par cette citation que le général de Gaulle décore de la Croix de la Libération le sous-marin Rubis le 14 octobre 1941.

Cette décoration fait suite au fait d’armes réalisé par ce sous-marin mouilleur de mines au cours de sa dixième patrouille du 14 au 25 août 1941.

Elle rappelle aussi l’engagement de la première heure du sous-marin auprès des Forces Navales Françaises Libres (FNFL).

Le sous-marin Rubis devait miner les accès nord et sud d’Egersund en Norvège. A l’issue du second mouillage de 18 mines, le Rubis aperçoit un convoi et décide de l’attaquer à la torpille. Le bâtiment de tête, un cargo de 4000 tonnes n’est qu’à 300 m lorsqu’il est touché par une des torpilles. Le Rubis se pose sur le fond à 45 m et fait le mort. Malheureusement, les explosions du cargo très proche provoquent une voie d’eau au panneau avant et endommagent la batterie principale dont l’acide commence à fuir dans le bord. Le sous-marin réussit à faire surface au cours de la nuit mais les vapeurs d’acide et la fumée sont telles que la totalité de l’équipage se réfugie sur l’abri de navigation et le pont. Seuls les électriciens descendent avec des masques à gaz pour essayer de réparer la batterie.

Grâce à une réparation de fortune, le Rubis réussit à fait route vers Dundee à faible vitesse. Guidé par 3 avions anglais, il traversera un champ de mines allemands avant d’être pris en charge par une escorte composée d’un croiseur, trois destroyers, deux chalutiers et un remorqueur.

Lorsqu’il accoste à Dundee le 25 août, il compte une nouvelle victime à son tableau de chasse : un chasseur de sous-marin allemand ayant sauté sur une de ses mines mouillées en Norvège.

 Histoire : Le Rubis décoré de la Croix de la Libération
 Histoire : Le Rubis décoré de la Croix de la Libération

Source : Marine nationale

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