Portrait : EV2 Gnimdou, officier-élève Togolais à bord du Mistral

publié le Lundi 23 mai 2022

Portrait : EV2 Gnimdou, officier-élève Togolais à bord du Mistral

Portrait : EV2 Gnimdou, officier-élève Togolais à bord du Mistral

© Marine nationale

Quel est votre parcours ?

Je me nomme Richard Gnimdou et je suis Togolais, âgé de 27ans. Titulaire du baccalauréat deuxième partie série « D » (Mathématiques et Sciences de la Nature) en 2013, j’ai poursuivi mes études supérieures à l’Ecole Nationale Supérieure d’Ingénieurs (ENSI) de l’Université de Lomé.

Cette formation m’a permis d’obtenir en 2018 mon diplôme d’Ingénieur de Conception en génie civil. Par la suite, j’ai effectué des stages dans un bureau d’études et dans une entreprise de BTP où j’occupais le poste de conducteur des travaux sur un chantier de construction de marché jusqu’en juillet 2019. En mars 2019, j’ai passé le concours d’entrée à l’Ecole navale, concours que j’ai réussi. Ensuite, laissant ma vie d’ingénieur, j’ai intégré la promotion 2019 de l’Ecole navale de Lanvéoc-Poulmic dans la spécialité « Opérations ». Après 3 ans de formation, je serai titulaire d’un Master en milieu maritime et sécurité de la navigation ainsi que des diplômes en formation humaine et militaire et de la qualification Chef du Quart en passerelle. La mission Jeanne d’Arc est l’aboutissement de ces années de formation à l’Ecole navale.

 

Quelle a été votre motivation pour intégrer le parcours Ecole Navale ?

Ma motivation première a été de prendre la relève car je viens d’une famille de militaires. Ensuite, j’ai toujours voulu renforcer la discipline militaire en moi et cultiver davantage l’esprit guerrier et combattif. Une autre motivation est notamment de servir mon pays le Togo en rejoignant la marine et passer par l’Ecole navale était nécessaire pour moi afin de devenir officier de marine. La dernière est celle de s’ouvrir au monde en découvrant d’autres civilisations à travers le monde ; la mission Jeanne d’Arc concrétise cette motivation.

 

Aujourd’hui vous participez à la mission JEANNE D’ARC 2022, à bord du PHA Mistral, quel rôle occupe ce déploiement dans votre formation ?

La mission Jeanne d’Arc 2022 est un déploiement qui occupe une place majeure dans l’aboutissement de ma formation à l’Ecole navale. Elle est en effet l’occasion pour moi en tant qu’Officier-Elève de mettre en application toutes les connaissances théoriques et pratiques acquises à l’Ecole navale dans un contexte opérationnel vaste et complexe. Cette mission constitue le dernier semestre de mon cursus de formation à l’Ecole navale. L’enseignement pédagogique est significatif, la rigueur des instructeurs est au rendez-vous et les cours dispensés sont cohérents avec les attendus des opérations et la mise en œuvre des compétences exigées dans la conduite nautique. Elle est l’opportunité pour moi d’apprendre et d’appliquer les procédures OPS utilisées par la Marine nationale dans les différents domaines de lutte : lutte antisurface, lutte anti-sous-marine et lutte anti-aérienne. Cet aspect est nouveau pour moi car ce sont les Opérations et cela est très pertinent pour un Officier de Marine étranger de pouvoir connaître le mode de fonctionnement d’une marine aussi puissante comme la Marine française, lorsque ses unités d’air, surface et sous-marine sont déployées en opérations. Le deuxième aspect est l’exercice du quart en passerelle sur un bâtiment de grande taille comme le porte-hélicoptères amphibie Mistral, donc d’apprendre la conduite nautique sur un grand bâtiment de surface et d’appliquer les règles de navigation apprises en cours. Elle nous apprend à partir loin, en promotion, longtemps et l’angle de cette mission est unique dans le sens où l’esprit de cohésion et d’équipage, qui sont des vertus de la Marine, se renforce davantage.

C’est une application complète et pratique pour moi, qui renforce davantage mon sens marin, mes compétences acquises dans le cursus de mon Master, l’esprit d’analyse de la géopolitique actuelle, l’esprit combattif, la curiosité, l’ouverture d’esprit, le savoir-faire militaire, la découverte, la maitrise et la complexité du monde maritime.

Enfin, la mission Jeanne est le dernier moment pour un jeune officier comme moi de faire des erreurs, de m’interroger en permanence sur quel type de chef et officier je voudrais devenir, de forger mon propre style de commandement, de leadership et de combattant. Le but étant d’être irréprochables devant les hommes que je serai appelé à commander, légitimer mon autorité en acquérant les compétences lors de cette mission et être apte au combat quand ce sera le cas, vu les enjeux géopolitiques actuels, dès la fin de la mission et mon retour au Togo.

 

Pouvez-vous nous décrire votre quotidien ?

Mon quotidien dépend de la période dans laquelle je suis. Sur la Jeanne, il y a une alternance de périodes. Nous avons des périodes de cours et des périodes de quart. Quand je suis en période de cours, je commence ma journée par un appel en zone état-major, suivi d’un poste de propreté et enfin les cours programmés par l’EAOM. A la fin des cours, je passe ma soirée avec les collègues de promotion pour partager des moments de cohésion et de détente. Les cours suivis ont pour but de maitriser le monde maritime dans toute sa globalité (conduite nautique et opérations) puis le renforcement de la culture et de la vie militaire.

Lorsque je bascule en période de quart, mon quotidien varie selon la programmation de mes jours de quart en passerelle et au Central Opérations (CO). De façon générale, je commence ma journée par un appel au poste de compagnie dans le service auquel je suis rattaché pour les Intégrations dans les Services et Compagnies (ISVC). Ensuite, je fais du quart soit en passerelle, soit au CO en vue de la mise en application des cours suivis depuis l’Ecole navale jusque sur le Mistral.

J’occupe parfois des fonctions particulières dans la journée en fonction des activités du bord : soit en tant qu’Officier Manœuvre, qui est une fonction transverse et importante sur un bâtiment de la Marine nationale ; soit en tant que chef d’équipe d’alarme lorsqu’un SECUREX est organisé au profit des officiers élèves afin de connaitre les modes et actions exécutés pour réagir sur un incendie, une voie d’eau ou une ambiance délétère.

En fonction de ma disponibilité, je profite de mon intégration dans un service ou une compagnie pour poser des questions aux différents acteurs de la compagnie (chef de service, chef de secteur, personnel…) sur le fonctionnement de leur service, leur quotidien et comment asseoir son autorité en tant que futur chef de service dès la sortie de la mission. Pour mon cas, j’étais affilié au service SIC à la première période de quart et actuellement au service armes du bord. Mon quotidien n’est pas une routine ; il est varié, bien rythmé et pertinent ce qui permet un bel épanouissement sur le Mistral au cours de la mission.

 

Quel conseil donneriez-vous à un jeune qui souhaite s’engager de la même façon que vous, conseilleriez-vous ce parcours à vos camarades ?

Je n’hésiterai pas à recommander à un jeune de s’engager dans la Marine. C’est une armée particulière, professionnelle et technique. Ses domaines d’action sont larges, variés et complets. La Marine nous apprend à devenir marins, ingénieurs ou techniciens de la mer, militaires et de vrais professionnels capables de réagir à temps pour réagir contre les anomalies et sinistres rencontrée en mer et à terre. L’organisation de la marine fait que bon nombre de personnes sont épanouies dans l’exercice de leur métier. Tout jeune, quelles que soient ses expériences professionnelles, peut rejoindre l’institution. Comme cela fut mon cas : j’étais dans un domaine complètement différent et rien ne me prédestinait à me familiariser à ce milieu jusqu’en aout 2019.

Beaucoup de jeunes ne connaissent peu ou mal la Marine nationale, et si à travers mon expérience les jeunes s’engagent dans la marine, cela serait un véritable atout pour eux comme pour l’institution.

 

Quelles sont vos intentions pour l’avenir ?

A l’issue de la mission Jeanne d’Arc, je vais rentrer dans mon pays d’origine le Togo pour exercer ma carrière d’Officier de Marine. Ainsi, grâce au savoir-faire acquis depuis l’Ecole navale jusqu’à la fin de la mission Jeanne d’Arc, je mettrai mes compétences acquises au profit de la marine nationale Togolaise et la rayonner partout où besoin sera. Je souhaite, en fonction des besoins de la marine togolaise être affecté sur un bateau en vue de mettre en pratique mes connaissances de chef du quart, de marin, de militaire et de chef de service dans une compagnie de l’institution.

 

 

Portrait : EV2 Gnimdou, officier-élève Togolais à bord du Mistral

Source : Marine nationale