Jeanne d'Arc 2023 : se déployer autour du monde et dans l’« archipel de France »

Publié le 01/07/2023

Auteur : La Rédaction

Le 25 avril dernier, au cours d’une interview, le ministre des Armées Sébastien Lecornu rappelait que « La France dispose d’un modèle de défense unique [...] parce que nous avons des enjeux de souveraineté sur trois océans, parce que nous devons conserver des capacités expéditionnaires ». Le même jour, à l’autre bout du monde, le PHA Dixmude débarquait 150 soldats de l’armée de Terre en Nouvelle-Calédonie dans le cadre de l’exercice Croix du Sud.

3 navires en mer

Pendant plus de cinq mois, les propos du ministre des Armées ont résonné dans les nombreuses activités conduites par le groupe Jeanne d’Arc 2023. Opérations de lutte contre le narcotrafic, exercices interarmées et interalliés, patrouilles dans les zones économiques exclusives françaises... Les équipages du PHA Dixmude et de la frégate La Fayette, complétés du groupement de l’École d’application des officiers de Marine (GEAOM), d’un groupement tactique embarqué et d’un détachement de l’aviation légère de l’armée de Terre, de la Flottille 35F et de la Flottille amphibie, ont illustré à leur manière ces capacités expéditionnaires de l’État français. Et la mission Jeanne d’Arc a renoué avec une tradition ancienne de la Marine : la circumnavigation.

Un tour du monde en 155 jours

Ce mercredi 8 février, un vent glacial souffle sur le pont d’envol du PHA Dixmude. Une fois les au revoir faits aux familles et les honneurs rendus au chef d’état-major des armées, les marins ont appareillé pour... un tour du monde. Si la formation des futurs officiers de Marine constitue le cœur de cette mission, elle n’en reste pas moins un déploiement opérationnel par lequel la France assure une présence dans des zones d’intérêts stratégiques.

En Méditerranée puis en mer Rouge, tout d’abord. Après avoir franchi le canal de Suez, seuil incontournable du commerce international avec plus d’un milliard de tonnes de marchandises en transit chaque année, le groupe Jeanne d’Arc a fait route vers le détroit de Bab-el-Mandeb, haut lieu de tensions et de risques pour la circulation des navires, dus notamment à la guerre civile au Yémen. Le passage du groupe Jeanne d’Arc a contribué à renforcer la sécurité et la sureté maritime du secteur.

Dans la zone Indopacifique ensuite, avec Djibouti comme porte d’entrée et point d’appui essentiel pour les bâtiments de la Marine. Dans le golfe d’Aden, le PHA Dixmude et la frégate La Fayette ont intégré l’opération européenne Atalanta. Le 3 mars, en mer d’Arabie, les bâtiments français ont réalisé l’un et l’autre une fouille sur deux embarcations suspectes conduisant à la saisie de 300 kg d’héroïne, plus de 200 kg de méthamphétamine et près de 600 kg de résine de cannabis. Pour les officiers élèves, toujours au cœur de l’action, ces opérations ont constitué une opportunité supplémentaire d’appréhender de manière très concrète les enjeux sécuritaires, économiques et politiques attachés aux missions de la Marine en Indopacifique. Constituée de l’océan Indien et du Pacifique Sud, cette immense zone maritime abrite 1,6 million de français et compte 9 millions de km² de zone économique exclusive sous juridiction française. Le passage du groupe Jeanne d’Arc a été l’occasion d’affirmer la crédibilité de la France comme partenaire régional sur qui les nations de la région peuvent compter pour répondre aux crises d’ordre climatique ou sécuritaire. Dans le golfe du Bengale, le groupe a conduit l’exercice Lapérouse avec six partenaires stratégiques impliqués dans la sécurité maritime de la zone Indopacifique. Dans le Pacifique Sud, il a participé à l’exercice Croix du Sud organisé par les forces armées en Nouvelle-Calédonie (FANC). « Ces entraînements permettent de maintenir un haut niveau d’interopérabilité entre des marines partenaires de longue date, qui partagent la même vision des enjeux de sécurité maritime de la zone indopacifique. Cela concourt à la préservation d’un ordre international fondé sur le droit maritime et le multilatéralisme », a souligné le capitaine de vaisseau Emmanuel Mocard, commandant de la mission Jeanne d’Arc 2023 et du PHA Dixmude.

Enfin, les Antilles puis l’Atlantique après avoir emprunté le canal de Panama. Une première pour un porte-hélicoptères amphibie ! Dans cette zone archipélagique des Antilles, à la croisée des océans, la France compte 850 000 ressortissants et se positionne en État à part entière de la communauté caribéenne. La zone maritime des Antilles est souvent sous le feu des projecteurs après des saisies records de cocaïne sur des voiliers ou des go-fast réalisées par les équipages des frégates de surveillance Ventôse et Germinal. La région est aussi confrontée à presque tous les types de catastrophes naturelles, à l’image des violents séismes en Haïti ces dernières années, de l’ouragan Irma ayant dévasté Saint-Martin et Saint-Barthélemy en 2017 ou encore l’éruption volcanique à Saint-Vincent en 2021. Le parcours de la mission Jeanne d’Arc a été élaboré pour faire en sorte que le groupe soit présent en mer des Caraïbes en début de saison cyclonique et puisse intervenir au profit d’une population qui serait touchée par un événement climatique de grande ampleur. Comme pour démontrer la réalité de cette menace, la tempête tropicale Bret a pris la direction de la Martinique alors que le PHA Dixmude accostait à Fort-de-France. Sous commandement des forces armées aux Antilles, les escales et la participation à l’exercice d’évacuation de ressortissant Tchembé ont dû être réarticulés.

 

Deux bâtiments, une formation

Le Dixmude et le La Fayette : deux unités précieuses pour le GEAOM. Capable d’accueillir un état-major embarqué et doté de capacités polyvalentes, le PHA est l’outil idéal pour mener des opérations d’assistance ou d’évacuation et protéger les intérêts français ou européens dans les zones traversées. Il est escorté par la frégate La Fayette pendant toute la mission Jeanne d’Arc. Celle-ci assure sa protection et permet notamment aux officiers élèves de s’exercer à la lutte anti-sous-marine grâce au nouveau sonar de coque dont elle a été dotée en 2018 lors de sa rénovation - mise à niveau. Le groupe Jeanne d’Arc offre ainsi aux futurs officiers de Marine un cadre de formation unique, pleinement opérationnel.