Artemis Trident au large de Barheïn vu par deux marins intégrés à l’exercice

publié le Lundi 10 mai 2021

Artemis Trident au large de Barheïn vu par deux marins intégrés à l’exercice

Artemis Trident au large de Barheïn vu par deux marins intégrés à l’exercice

© Marine nationale

Du 18 au 29 avril 2021, la nouvelle édition de l’exercice ARTEMIS TRIDENT s’est déroulée au large de Bahreïn. Cet exercice trilatéral confirme l’interopérabilité des forces maritimes française, britannique et américaine dans le domaine de la guerre des mines, d’autant plus que cette menace reste prégnante dans la région. Entretien avec le lieutenant Marcus officier d’échange américain affecté à l’état-major de guerre des mines à Brest et le second-maître Sébastien, affecté à bord du CMT L’Aigle.

Artemis Trident au large de Barheïn vu par deux marins intégrés à l’exercicePouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Lieutenant Marcus : Je suis officier d'échange américain affecté à l'état-major de guerre des mines à Brest. Je me suis engagé en 2013 comme officier de lutte au-dessus de la surface dans la marine américaine. Avant mon affectation, j'étais embarqué à bord de l’USS Princeton.

Second-maître Sébastien : Je suis originaire de Toulouse, issu d’un BAC PRO MEI (maintenance des équipements industriels) avec un partenariat Marine du lycée Borde Basse à Castres. Mes stages de première et terminale ont étaient effectués au Pôle Écoles méditerranée (PEM) Saint-Mandrier où j’ai découvert différentes spécialités. Après obtention de mon BAC, la Marine m’a proposé un contrat de quatre ans dans la filière MOMACHINE. En 2012, de retour au PEM pour des formations, j’ai été affecté à l’issue sur le chasseur de mines Andromède, où j’ai pu mettre en pratique ce que l’on m’a enseigné. En 2015, j’ai été sélectionné au brevet d’aptitude technique MECAN et j’ai choisi le BCR Somme section FED (Froid eau douce) en sortie de cours. J’ai pu ainsi passer la mention « froid » et découvrir les particularités du métier de frigoriste. À l’issue de mes trois ans, j’ai été affecté sur le chasseur de mines L’Aigle en tant qu’adjoint de compartiment machine. Je suis maintenant sélectionné pour le cours de brevet supérieur MECAN de 2021-2022.

Artemis Trident au large de Barheïn vu par deux marins intégrés à l’exerciceQuel est votre rôle au sein de l’exercice ARTEMIS TRIDENT 21 ?
Lieutenant Marcus :
Dans le cadre de l’exercice, j’appartiens à un état-major de conduite de guerre des mines responsable des opérations de trois chasseurs de mines de trois nationalités différentes (française, américaine et britannique) et d’un détachement de plongeurs démineurs américains. Notre rôle est essentiel pendant les opérations car nous devons assurer la coordination des unités et informer suffisamment la partie supérieure de l’état-major. En étant l'officier d'échange américain, je suis également un officier de liaison entre les états-majors américain et français.

Second-maître Sébastien : Mon rôle à bord au sein du service « plateforme » est de mettre en œuvre, de conduire, d’entretenir et de réparer les différentes installations de la machine. Je contrôle et surveille les différents paramètres du moteur de propulsion et du diesel alternateur produisant l’électricité du bord. Je produis et distribue l’air respirable indispensable aux plongeurs démineurs. Je produis l’eau douce servant à la cuisine mais aussi pour les douches. Je produis le froid nécessaire à la réfrigération du central opérations et plus généralement de tous les locaux du bord. Je me charge aussi de l’embarquement et la distribution de gasoil. Concrètement, sans tous ces services, L’Aigle ne pourrait pas naviguer, ne pourrait pas faire de la chasse aux mines et ne pourrait mettre en œuvre ses plongeurs démineurs. J’ai aussi des rôles de sécurité en étant de quart : je suis « intervention immédiate 2ème phase » ; et lorsque je ne suis pas de quart, je suis chef de groupe d’attaque.


Quelles sont les qualités nécessaires à avoir pour exercer ce métier ?
Lieutenant Marcus : La qualité que je trouve la plus importante pour un exercice international est la communication. C'est quelque chose de très simple mais si vous communiquez bien et clairement, l'exercice se passe mieux. Une autre qualité qu'il faut avoir, c'est la capacité à être multi-tâches. Avec trois bateaux en mer et plusieurs mines d’exercice à trouver, il n’y pas de temps à perdre. Il est donc nécessaire de mener plusieurs dossiers en même temps et de bien gérer votre temps.

Second-maître Sébastien :
Polyvalence, car le métier de mécanicien naval est vaste. On peut être amené à travailler dans différents secteurs avec des installations totalement différentes suivant les bâtiments et les missions (du diesel de propulsion à la frigo-air).
Curiosité, il faut toujours se demander à quoi sert cet élément, par exemple où se trouve cette vanne, quelles sont les origines de cette avarie.
Remise en question, car il ne faut pas se reposer sur ses acquis. La Marine nationale évolue en permanence ainsi que les technologies utilisées, les installations modernes diffèrent grandement de celles mises en œuvre il y a trente ans.
Rigueur, pendant la conduite et la surveillance d’une installation afin de prévenir toute avarie et rigueur pendant une visite où un entretien car même une visite banale peut vite rendre une installation indisponible suite à une mauvaise manipulation.


Qu’est-ce que l’exercice vous apporte personnellement ? Quel bilan en retirez-vous ?
Lieutenant Marcus : L'exercice m'apporte une opportunité de m'entraîner dans un environnement très réaliste. J'apprécie les difficultés pendant l'exercice parce que je crois que c'est comme ça qu'on s'améliore. Professionnellement, l'exercice me donne aussi la possibilité d'approfondir mes connaissances dans la guerre des mines. Je retiens notamment de cet exercice que l'avenir de la guerre des mines commence à apparaître, et que c'est vraiment différent de celui que nous connaissons.

Second-maître Sébastien : De la patience et du recul car l’exercice dure dix jours consécutifs après 3 jours de déploiement et plus de deux mois de mer, sur un bâtiment qui a la capacité d’en faire cinq sans ravitaillement. Cela commence à être conséquent autant sur la fatigue physique que sur le moral dû à la promiscuité. J’ai également pu voir la mise en œuvre de la logistique marine et la coopération interalliée avec des bateaux étrangers, notamment le ravitaillement à la mer de L’Aigle par le bâtiment de la flotte auxiliaire britannique « Cardigan Bay ». J’en retire une bonne expérience, même si c’est un exercice, on peut imaginer qu’en opérations réelles la Marine a les capacités et les moyens logistiques de déployer longtemps un bâtiment en mer et d’y maintenir ses capacités opérationnelles.

 

Source : Marine nationale