In memoriam : disparition de l'amiral Philippe de Gaulle

publié le Mercredi 20 mars 2024

In Memoriam : Disparition de Philippe de Gaulle

In Memoriam : Disparition de Philippe de Gaulle

© Marine nationale

L’amiral Philippe de Gaulle s’est éteint à l’âge de 102 ans dans la nuit du 12 au 13 mars 2024. Fils du général de Gaulle, il laisse l’image d’un homme au courage et à l’honneur exemplaires, dernier marin de la France libre et résistant engagé de la première heure. Un hommage national, présidé par le chef de l’Etat Emmanuel Macron, lui est rendu aux Invalides mercredi 20 mars. Deux Rafales Marine et un avion de guet aérien (E-2C Hawkeye) survoleront la cérémonie entre 11h30 et 12h30 pour saluer cet ancien pilote de l’aéronautique navale.

Il fut le 62e pilote de l’histoire de l’aéronautique navale française à apponter sur un porte-avions. Au grand dam de son père, le général de Gaulle, qui aurait préféré le voir embrasser une carrière diplomatique car il n’est selon lui « guère avantageux pour une famille d’avoir en son sein trop de militaires », Philippe de Gaulle avait en effet choisi la Marine nationale.

Né le 28 décembre 1921 à Paris, il a grandi en France, en Allemagne et au Liban au gré des affectations de son père. Investi très jeune du sens du devoir, il précède l’appel du général de Gaulle, et gagne l’Angleterre dès le 18 juin 1940 où il est intégré aux Forces navales françaises libres (FNFL) en tant que matelot sans spécialité, et comme pompier auxiliaire à Londres pendant la bataille d'Angleterre. Il n’a que 18 ans, mais « Aux âmes bien nées, la valeur n'attend pas le nombre des années »*. Trois mois plus tard, il rejoint sa promotion de l’Ecole navale à bord du cuirassier Courbet. De 1942 à 1944, il sera affecté successivement sur le chasseur CH.11, à la flottille de Motor Torpedo Boat (MTB) en tant que second de la vedette lance-torpilles MTB.86 et sur la frégate La Découverte à bord de laquelle il prend part à la bataille de l’Atlantique. Il emboîte les pas du général Leclerc en rejoignant un régiment blindé de fusiliers marins de la Deuxième Division blindée, où il participe à des batailles décisives comme dans l’Orne. De la bataille des Vosges à la bataille d’Alsace en passant par la poche de Colmar et la pointe de Grave, il s’illustre par son courage notamment à travers des missions périlleuses de ravitaillement et le 25 août 1944 au matin, le voilà dans Paris où sa hiérarchie lui confie la reddition du Palais Bourbon à l’Assemblée nationale, tenue par l’équivalent de deux compagnies allemandes. En raison de ses actions, la croix de guerre lui sera décernée. Voulant être irréprochable et incorruptible, le général de Gaulle refusera de le nommer Compagnon de Libération, ce qui restera une blessure à vif. Sa carrière dans la Marine nationale s’oriente alors vers l’aéronautique navale. Durant deux ans et demi, il est déployé en Indochine. Durant sa carrière il aura commandé la Flottille 6F, l’escorteur rapide Le Picard, la base d’aéronautique navale de Dugny-Le-Bourget, la frégate lance-missiles Suffren, l'Aéronautique navale de la 2ème région maritime, le groupe naval d'essais et de mesures à bord du BEM Henri Poincaré, l'Aviation de patrouille maritime et enfin l'Escadre de l'Atlantique. Nommé au grade d’amiral en 1980, il termine sa carrière en tant qu’inspecteur général de la Marine.

Après la mort de son père en 1970, Philippe de Gaulle se fixe comme devoir de transmettre ses valeurs. Mémorialiste du général de Gaulle, il laisse des milliers de documents classés. . Contre toute attente, et bien qu’ayant toujours dit qu’il ne ferait pas de politique, il est élu, sous l’étiquette RPR (Rassemblement pour la République), sénateur de Paris de 1986 à 2004. Resté un pas en arrière, par devoir et conviction, Philippe de Gaulle n’en demeure pas moins un combattant hors-pair qui réussit à se faire un prénom et « ne manqua jamais le rendez-vous du courage et de l’honneur » selon les mots du président de la République Emmanuel Macron, et un serviteur de l’État à la carrière exemplaire au sein de la Marine nationale.

 

 

 

*Pierre Corneille

In Memoriam : Disparition de Philippe de Gaulle
In Memoriam : Disparition de Philippe de Gaulle

Source : Marine nationale