Savoir réagir de manière rapide et agile : cas d'usage de la FREMM Languedoc en mer Rouge

Publié le 03/10/2024

Auteur : Nathalie Six et CC Marc

Faire face de manière réactive à l’évolution rapide de tous types de menaces est un enjeu vital pour nos unités. Le cas de la frégate multi-missions (FREMM) Languedoc en mer Rouge est un exemple pertinent pour comprendre comment la Marine se nourrit de ses propres retours d’expérience opérationnelle (RETEX) afin d’améliorer ses systèmes de défense. Dans ce cas précis comment perfectionner les moyens optroniques de détection, d’identification et de suivi de cibles.

Retour en arrière. Nous sommes en novembre 2023, le conflit entre Israël et le Hamas prend de l’ampleur, contaminant les relations internationales au-delà de ses frontières. En mer Rouge, les rebelles houtis perturbent de plus en plus le commerce, en utilisant un nombre important de drones, ce qui fait peser une réelle menace sur les unités de la Marine en mission de protection dans la zone. Au mois de décembre, visée par des drones aériens hostiles, la frégate multi-missions Languedoc réplique et abat deux engins provenant du nord du Yémen.

Cette interception réussie va mettre en lumière plusieurs points d’amélioration concernant la capacité d’engagement des FREMM. Faire la différence entre un drone suicide ou de surveillance permet d’adapter les réactions de l’équipage. Confirmer qu’il n’y a pas de présence humaine dans une embarcation dronisée donne la possibilité d’engager au plus tôt, en évitant toute méprise. Visualiser à coup sûr le résultat d’un tir sur drone évite le sur-engagement…

Action, réaction. Fort de ces postulats, l’état-major de la Marine décide d’équiper les frégates de premier rang de boules optroniques PASEO XLR, un équipement de pointe aux performances reconnues. Les résultats opérationnels sont vite probants. à la clé : meilleure surveillance, meilleure caractérisation des menaces, meilleure gestion des armes et munitions. Le tout géré en un temps très court : un mois à peine s’est écoulé entre le RETEX et l’évolution capacitaire, grâce à la réactivité conjointe de la direction générale de l’armement, du service de soutien de la flotte, de la force d’action navale et des industriels (SAFRAN et Naval Group).

SLAM-F

Une avancée majeure dans la guerre des mines marines

Lancé en 2010, le système de lutte anti- mines du futur (SLAM-F) renouvelle la capacité de guerre des mines en remplaçant les moyens actuels (chasseurs de mines, bâtiments remorqueurs de sonars et bâtiments base de plongeurs démineurs) par des drones navals, sous-marins et de surface. Son ambition est d’être au plus près des forces navales, en garantissant la protection et la sécurité des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, du porte-avions et des plongeurs démineurs.

Les forces se préparent à accueillir cet automne un premier système, avec une qualification, en rade de Brest, de la « boîte à outils » (composée de USV, AUV, ROV), réalisée dans le cadre d’un partenariat avec les Britanniques. À ce stade, « l’outil est déjà plus performant qu’un chasseur de mines », selon l’officier de programme, le capitaine de frégate Xavier. Désormais, l’heure est à l’optimisation de l’utilisation des drones. Ils sont déjà quasi autonomes, l’étape suivante est de les rendre opérables 24h/24 dans différents environnements, en s’adaptant aux menaces évolutives.

Wildfire

S’appuyant sur des situations rencontrées par les unités sur le terrain, les scénarios des exercices de lutte anti-drones Wildfire illustrent bien l’évolution agile de la préparation opérationnelle des unités marines grâce au développement du RETEX. Une nouvelle édition a été organisée du 23 au 26 septembre par la force d’action navale, au large de Toulon. Son scénario était directement lié à la situation en mer Rouge, et a regroupé plusieurs bâtiments de premier rang (les frégates multi-missions Lorraine et Languedoc, la frégate de défense aérienne Forbin, la frégate de type La Fayette Guépratte, deux Caïman Marine et deux Rafale Marine).