© Marine nationale / Benjamin Rupin
Dans un contexte financier contraint, la Marine cherche à tirer le meilleur parti des évolutions technologiques. Celles-ci peuvent entraîner des ruptures décisives, procurant le cas échéant un avantage tactique voire stratégique.
DES PROGRAMMES INNOVANTS
Certains domaines connaissent des évolutions technologiques relativement lentes du fait de la lourdeur des investissements financiers à consentir. Il n’en va pas de même des SIC, qui, depuis les années 1990, ont clairement opté pour des technologies issues du domaine civil et commercial qui rythment désormais le tempo de l’innovation. La première conséquence est la cadence élevée de renouvellement des équipements qui est imposée sous peine d’obsolescence. Si l’évolution des systèmes de communication est plus lente, les systèmes d’information sont soumis à un renouvellement plus soutenu tous les 5 à 8 ans. Cette situation entraîne un risque qui tient à la difficulté à maîtriser les coûts des évolutions imposées, mais aussi des opportunités : profiter du meilleur de la technologie civile rapidement, améliorer les produits, gagner en performance et en interopérabilité interarmées et interalliés. Le programme d’armement qui réalise le futur système d’Information des armées (SIA) est un exemple emblématique des conséquences de cette situation. Chaque armée dispose actuellement de son propre outil. Pour faciliter l’interopérabilité, un nouvel outil commun aux trois armées, fonctionnant avec un même socle capable de recevoir des modules d’applications métiers communs ou spécifiques à chaque armée, est en phase de déploiement.
Le boîtier d’accès aux services IP côtiers (BASIC) est une deuxième illustration des apports des SIC. L’évolution de l’organisation de la défense, notamment du soutien, rend aujourd’hui indispensable l’accès au réseau Intradef dans le travail quotidien, même sur les plus petites unités navales. Or celles-ci, en raison du coût, ne peuvent être équipés de SATCOM à haut débit alors qu’elles naviguent majoritairement dans la bande côtière où le réseau 3/4G ne couvre qu’une quinzaine de nautiques. Elles ne disposent pas non plus de marin spécialiste SIC. Le contexte actuel rend de plus nécessaire une surveillance maritime accrue des côtes françaises. Une démarche d’innovation a donc conduit à définir un boîtier tout-en-un, ne nécessitant qu’un branchement électrique et apportant tous les services recherchés (connexion Intradef permettant l’accès au portail de soutien ou à l’internet sur le poste de travail, système d’identification des navires (AIS/X) dont les capacités sont supérieures à celles de SPATIONAV).
Le boîtier BASIC rend désormais possible l’accès des patrouilleurs de la gendarmerie maritime au réseau intradef.
LES SIC, ACTEURS DE L’ADAPTATION
Les SIC contribuent aussi fortement à la transformation de la Marine dans le cadre de la réforme des organisations, souvent accompagnée de l’informatisation des processus. Deux projets sont exemplaires. L’application MyAdju a été créée afin de simplifier le travail des adjudants de compagnie en l’informatisant. Avec l’arrivée des FREMM, cette amélioration s’est révélée indispensable compte tenu des effectifs optimisés. Une première version du programme a été réalisée dans le cadre de la mission innovation participative de la Défense. Le bureau SIC de l’état-Major de la Marine (EMM) a ensuite piloté son « industrialisation en interne » avec le soutien du centre de développement des applications de la défense de Toulon (CDAD-T) de la DIRISI. Cette phase est indispensable pour que l’application MyAdju soit maintenue en condition dans la durée selon les règles propres à l’ensemble du ministère, et utilisé sur la plupart des bâtiments. Cette démarche est primordiale pour que l’innovation puisse être pérenne.
Expérimentation du logiciel MyAdju en conditions réelles sur la FLF Surcouf
Le second projet, Supernova, est une réforme ambitieuse des postes de contrôle des télécommunications (PC SIC) à terre de la Marine afin d’accompagner le déménagement vers Balard de l’EMM et de contribuer à des gains en effectifs. La première phase de ce projet a permis de supprimer l’ancien PC TELEC Royale qui desservait l’EMM, et de transférer le travail vers le PC SIC de Brest. Il s’agira ensuite d’optimiser encore l’organisation de ces centres, après diverses expérimentations réversibles, afin de conserver la fiabilité d’un service qui a fait ses preuves au soutien des opérations.
Les marins du 13 La DIRISI a engagé depuis 2010 de profondes réformes de son organisation pour s’adapter à un nouveau format plus resserré. Le projet DIRISIX vise en particulier à modifier fondamentalement le soutien de proximité, en mettant à la disposition des utilisateurs des centres d’appel, les services desks (SDK), chargés de centraliser les demandes d’intervention. Ce type de soutien, correspondant à celui proposé par les grands opérateurs civils, est désormais rendu possible par la supervision et la gestion à distance des réseaux d’infrastructures du ministère, au sein de centres nationaux de mise en œuvre. |
Source: Marine nationale
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