Une reporter d’images de la Marine lauréate du MARCOM Photography Excellence Award Program

Publié le 04/03/2025

Auteur : EV2(R) Elisabeth Feigneux

Le maître (MT) Lumir Lugué, reporter d’images, a remporté en février 2025 le prix de la meilleure photographie dans la catégorie « Warfighting » lors des MARCOM Photography Excellence Award Program (PEAP). Organisé par le Commandement maritime allié de l'OTAN (MARCOM), ce concours annuel vise à reconnaître et célébrer l'excellence en photographie des reporters d'images (REPIM) des forces armées collaborant avec l'OTAN. Depuis 2025, les REPIM sont en effet devenus une spécialité à part entière. Cols bleus a rencontré la lauréate.

Cols Bleus : Dans quelles circonstances avez-vous participé à ce concours ?

MT Lumir Lugué : On ne part pas en mission pour gagner un concours. L’objectif premier est de répondre à la demande. Si la mission offre des opportunités, c’est un bonus. Le 30 avril 2024, je photographie un exercice de tir dans le cadre d’un exercice OTAN. Je suis alors embarquée sur le bâtiment de commandement et de ravitaillement (BCR) Somme dans le cadre de la mission Standing NATO Maritime Group 2 de l’OTAN. L’image montre l’avant du bateau sur lequel se tiennent trois marins en gilet pare-balles et casque, positionnés autour d’une mitrailleuse de 12,7 mm. J’ai choisi de la soumettre à ce concours car elle mettait en scène la puissance navale alliée de manière originale.

 

C. B. : Qu’incarne cette photo pour vous ?

MT L. L : Cette photo dégage une vraie force. Un élément m’a d’emblée marquée : la fumée qui s’échappe du canon. À ce moment, je suis en plein exercice de tir, aux premières loges de la préparation opérationnelle des équipages. J’ai voulu immortaliser en images la puissance maritime alliée en y apportant ma perception personnelle. Je voulais travailler un côté esthétique inhabituel. La perspective en contre-plongée apporte à l’image une dynamique renforçant l’impression de puissance et de discipline militaire. La lumière de la Méditerranée lui confère un caractère unique. J’imagine que c’est ce parti pris esthétique inédit qui a contribué à retenir l’attention du jury.

C. B. : Après l’obtention de ce prix, comment voyez-vous la suite de votre parcours ?

MT L. L : J’aimerais qu’il fasse émerger d’autres projets. Montrer que les reporter d’images ne se cantonnent pas à l’événementiel en fait partie. Les réseaux sociaux et le magazine Cols bleus mettent déjà en valeur notre travail. Je pense que d’autres plateformes, comme les expositions photographiques, aideraient la filière à s’émanciper davantage. J’ai également postulé pour passer le brevet supérieur afin d’encadrer une équipe. Tant que je serai physiquement apte, je continuerai à naviguer. Mais je veux aussi me préparer à passer le flambeau.

C. B. : Quel message voulez-vous faire passer ?

MT L. L. : Grâce à mes connaissances en histoire de l’art et à mes études en arts appliqués, j’ai une perception du monde différente d’autres marins. Je m’inspire du style BAUHAUS, un mouvement artistique des années 1930 qui allie industrie et art, pour composer mes photos. Lorsque j’ai postulé comme photographe civil dans la Marine, j’avais atteint la limite d’âge. Mais j’aimais le voyage et la mer. Alors, je me suis engagée comme navigateur timonier. J’ai réalisé de nombreuses missions opérationnelles, tissé des liens indéfectibles, acquis une culture de la mer et de la Marine. Et treize ans plus tard, à 37 ans, je suis devenue reporter d’images. Finalement, mon travail ne serait pas aussi abouti si je n’avais pas eu cette expérience embarquée antérieure.

J’espère que ce prix permettra d’appuyer la reconnaissance officielle des REPIM. Depuis 2025, nous sommes devenus une spécialité à part entière. C’est un développement qui ouvre la porte à de nombreux profils pour nourrir cette filière.