Retrouvailles à bord du porte-avions Charles de Gaulle

Publié le 03/12/2024

Auteur : EV1 Margaux Bronnec

La Marine, une histoire de famille ? C’est le cas pour le maître principal Stéphane et son fils, le second maître Théo. Tous deux marins de l’aéronautique navale, ils se sont retrouvés à bord du porte-avions Charles de Gaulle lors de l’école de l’aviation embarqué (EAé) et seront à nouveau réunis lors de la prochaine mission Clémenceau 25. L’occasion pour Cols bleus de tirer un portrait de famille.

L’un est rentré dans la Marine il y a deux ans, l’autre 30 ans auparavant. Originaire d’une petite ville proche de Lorient, le maître principal Stéphane voyait depuis sa plus tendre enfance des avions survoler sa maison. Pour « relier ses deux passions, le voyage et l’aéronautique », s’engager dans la Marine était une évidence pour lui. Après un brevet d’études professionnelles en mécanique et un baccalauréat professionnel en partenariat avec la Marine, il rejoint Querqueville comme matelot mécanicien d’aéronautique navale (MECAE). Cette spécialité est aujourd’hui remplacée par celle de porteur. Après un passage aux ateliers de la base aéronavale de Saint-Mandrier, il rejoint celle de Lann-Bihoué en 1998. En 2001, il monte sur le porte-avions Charles de Gaulle : « Ce bateau m’a tout de suite plu. » Afin de poursuivre l’aventure embarquée, le maître principal intègre la flottille 4F, où il passe la majeure partie de sa carrière. Patron de dépannage, il planifie les diverses réparations curatives et préventives de l’avion de guet aérien Hawkeye. Lorsqu’il embarque, une contrainte s’ajoute, « nous devons nous coordonner avec les autres flottilles (Rafale et hélicoptères, NDLR), les marins du pont d’envol hangar, et le bureau technique aviation (BTA) pour garantir la disponibilité des aéronefs ». Un quotidien rythmé par les missions et les retours à la maison auprès de ses trois jeunes garçons.

Bercé par les récits de marins et les photos de voyages, le second maître Théo décide de suivre la même voie que son père en 2022. « Je n’ai pas forcé mes enfants à intégrer la Marine, il faut que cela vienne d’eux car cela reste une vocation », explique le maître principal, « mais je sentais qu’il y rentrerait, il m’a toujours posé beaucoup de questions sur mon métier, il était très curieux ». « Il m’a transmis sa passion », ajoute le second-maître.

Après un baccalauréat professionnel en partenariat avec la Marine puis une préparation militaire Marine, le jeune homme de 20 ans rejoint l’aventure en intégrant l’École de maistrance. Il passe ensuite le brevet d’aptitude technique porteur. Depuis un an, il est affecté à l’atelier oxygène de la base d’aéronautique navale de Lann-Bihoué. « Je suis en renfort sur le Hawkeye, pour remplir et tester les bouteilles d’oxygènes positionnées dans le nez de l’avion, qui peuvent servir au pilote pendant un vol ». L’entretien de ce matériel doit être effectué quotidiennement car les bouteilles d’oxygène perdent jusqu’à un litre par jour.

L’école de l’aviation embarquée constitue la première expérience en mer du second maître : « Je n’ai connu le bateau qu’à travers un téléphone, via des photos et vidéos, mais c’est plus parlant aujourd’hui ». A bord, il prend l’habitude d’entendre la sempiternelle petite question : « Ton nom, je le connais, tu es le fils du maître principal Stéphane ? » Dès le premier jour, les marins du porte-avions font en effet le rapprochement entre le père et le fils. Au fond du hangar, seul dans son atelier et détaché à bord du Charles pour la mission, le maître principal est un allié pour comprendre le fonctionnement du navire, «  il est un grand soutien à bord », confirme Théo. Pour la première affectation de son fils, le père a souhaité être là pour l’accompagner et lui expliquer la vie embarquée. 30 ans les séparent mais une grande complicité les unit. Dans le regard du père, on peut lire la fierté de voir son fils suivre ses pas.