Départ de la mission Jeanne d’Arc 2025 : paroles d’officiers-élèves
Publié le 24/02/2025
Le porte-hélicoptères amphibie (PHA) Mistral et la frégate de type La Fayette (FLF) Surcouf appareillent pour la mission Jeanne d’Arc 2025 ce lundi 24 février depuis Toulon. Cols bleus est allé à la rencontre de deux officiers-élèves qui s’apprêtent à vivre leur premier déploiement, les enseignes de vaisseaux de deuxième classe (EV2) Stanislas et Alix. Tous deux ont suivi leurs cours théoriques à l’École navale pendant 2 ans, et font partie du groupe école d’application des officiers de Marine.

Cols bleus : Pourquoi avez-vous choisi la Marine nationale ?
EV2 Stanislas : J’ai un passif dans les armées car j’ai fait un lycée militaire et mon père est dans l’armée de Terre. Être militaire m’attirait, mais je souhaitais avoir une expérience dans le civil pour comparer : j’ai donc fait une école d’ingénieur. J’ai ensuite choisi de m’orienter vers la Marine. La rigueur, la cohésion et la diversité des missions me plaisent. Je suis entré à l’École navale en août 2024 comme officier de Marine sous contrat dans la spécialité ENERG/Propulsion.
EV2 Alix : J’ai réalisé ma scolarité au Prytanée national militaire car je voulais être officier dans l’armée française et plus particulièrement pilote dans l’aéronautique navale. Par ailleurs, j’ai toujours été attirée par le voyage et par la diversité des métiers qu’offre la Marine nationale. J’ai ainsi intégré le cursus opération à l’École navale mais je n’ai pas encore de spécialité.
C.B. : La Jeanne d’Arc est une mission mythique au sein de la Marine. Avez-vous déjà pu échanger avec d’anciens officiers-élèves ?
EV2 Stanislas : En arrivant, on a l’occasion d’échanger avec des officiers, jeunes et anciens. Tous se souviennent avec émotion de cette mission, qui les a marqués, et nous en parlent comme d’un moment fort d’apprentissages et de découvertes. C’est une chance de bénéficier de leur retour d’expérience, par exemple pour les fonctions d’officier de quart du navire (OQN), mais aussi sur les savoir-faire et savoir-être qui nous seront utiles par la suite.
EV2 Alix : À l’École navale, nous croisons régulièrement les « anciens » de la Jeanne d’Arc. Lors de leur escale à Brest l’an dernier, nous avons pu discuter avec eux, leur poser des questions sur l’aspect logistique de cette mission, et recueillir des informations précieuses.
C.B. : C’est votre premier long déploiement sur un navire de la Marine. Comment l’appréhendez-vous ?
EV2 Stanislas : Il s’agit de mon premier embarquement ! Je suis plutôt impatient, après six mois à l’école, nous partons avec des personnes que nous connaissons. Nous sommes sur le bateau depuis le 27 janvier pour le T0 (la période de préparation avant le départ de la mission, NDLR), donc on a eu le temps de rencontrer les cadres de formation, mais aussi les membres de l’équipage. C’est rassurant et motivant !
EV2 Alix : C’est un mélange de pleins d’émotions. Il y a du stress, forcément, à l’idée de partir loin, et nous allons avoir beaucoup de travail au cours de cette mission. J’ai aussi une pensée pour ma famille. Mais il y a aussi beaucoup d’excitation ; c’est une expérience unique, qui marque la fin d’un cycle. À la fin de la mission nous aurons fini avec la formation « scolaire » et nous entrerons dans l’aspect opérationnel.
C.B. : Comment vous êtes-vous préparés pour cette mission ?
EV2 Stanislas : Sur l’aspect technique, évidemment, il faut être au point sur nos cours et sur notre spécialité. Entre le temps passé en école de spécialisation et le T0 de préparation, nous avons les bases. Pour l’aspect plus pratique, on compte sur les retours d’expériences des années précédentes. Cela nous permet d’anticiper certains aspects, par exemple les forfaits téléphoniques, la mutuelle, la nécessité d’avoir des permis internationaux pour conduire à l’étranger…
EV2 Alix : À la fin de la 2e année nous passons un oral de navigation, nous devons alors nous replonger dans nos cours et revoir toutes nos bases. On a aussi réalisé une corvette pour avoir un aspect pratique de la navigation. Les trois semaines passées à bord avant le départ nous permettent de nous familiariser avec le bateau, de nous installer, mais aussi de voir ce qui pourrait nous manquer à bord.
C.B. : A quoi ressembleront vos journées ?
EV2 Stanislas : La Jeanne d’Arc sera scindée en plusieurs périodes d’une quinzaine de jours environs. Pour moi, une partie de celles-ci sera consacrée à l’apprentissage pratique de ma spécialité, au PC Sécurité. Je ferai de la surveillance sur l’électricité à bord, la production d’eau… L’idée est qu’après un temps d’apprentissage encadré, je sois « lâché en quart » et que je prenne le lead au sein d’une équipe d’officiers mariniers. En parallèle, il y a également des périodes de cours, pour approfondir nos connaissances avant nos premières affectations, qui arriveront à l’été.
EV2 Alix : Il y aura une alternance entre les cours sur le PHA et la pratique au sein des services dans lesquels nous allons être intégrés. Je ferai du quart en passerelle ou au central opérations, et serai en parallèle au sein du service Armes. C’est un ensemble d’expériences qui sera très formateur !
C.B. : Entre le PHA Mistral et la FLF Surcouf, les conditions de vie ne seront pas similaires. Avez-vous d’ores et déjà une préférence pour l’un ou l’autre ?
EV2 Stanislas : Pour moi, les deux seront intéressants. Je souhaite devenir sous-marinier, donc j’aimerais avoir le plus d’expériences possibles sur des bateaux gris, pour avoir un large panel de compétences. Mais, s’il fallait choisir, je pense que la FLF étant moins automatisée, j’y serais bien formé en tant que mécanicien. Dans tous les cas, il y a une complémentarité entre les deux navires.
EV2 Alix : Personnellement, je suis malade en mer, donc le PHA m’attire un peu plus ! Mais mon cœur balance entre les deux. La frégate étant plus petite, je pense qu’il y sera possible d’être plus proche des membres de l’équipage, et de créer un lien différent avec eux.
C.B. : Le tracé de la mission est désormais connu : traversée de l’Atlantique, puis remontée le long de l’Amérique du Nord, et enfin, au-delà du cercle polaire. Avez-vous déjà en tête des activités et des exercices qui seront marquants pour vous ?
EV2 Stanislas : N’ayant pas d’expérience embarquée, tout va être nouveau et incroyable ! J’attends particulièrement les opérations conjointes avec les autres marines.
EV2 Alix : J’ai hâte de participer aux exercices de terrain avec l’armée de Terre ! Je ne sais pas à quoi m’attendre, mais c’est important de vivre une expérience plus « rustique » à terre ; nous avons beau être des marins, c’est une bonne opportunité d’éprouver notre rusticité.
C.B. : Quelles sont vos attentes avec cette période embarquée en tant qu’élèves ?
EV2 Stanislas : Me former au mieux avant ma première affectation, apprendre à m’adapter aux situations que je vais rencontrer au cours de ma Marine et surtout, trouver un esprit de cohésion et d’équipage !
EV2 Alix : Pour moi, ce sera une opportunité de découvrir la « vraie » Marine. Nous avons eu une bonne formation, appris beaucoup de théorie, et nous allons pouvoir appliquer ces savoirs. L’expérience sur les bateaux-écoles, si elle est intéressante, reste limitée. Ce sera aussi pour moi une occasion de puiser dans mes ressources et de me pousser dans mes retranchements !
Propos recueillis par l’EV1 Pierre-Elie Diby