CA Frédéric Renaudeau © DPID
Directeur de la protection des installations, moyens et activités de la Défense (DPID)
Créée à l’été 2014, la Direction de la protection des installations, moyens et activités de la Défense (DPID) est la tête de chaîne de la fonction Défense - Sécurité du ministère. Entretien avec son directeur, le contre-amiral Frédéric Renaudeau.
COLS BLEUS : Amiral, quels sont les périmètres d’action de la DPID ?
CA Frédéric Renaudeau : Directement rattachée au ministre de la Défense, la Direction de la protection des installations, moyens et activités de la Défense (DPID) est la direction fonctionnelle du ministère, tête de chaîne de la fonction Défense - Sécurité. Cette fonction couvre la protection physique, la cybersécurité, la protection du secret, ainsi que la protection du potentiel scientifique et technique de la Nation (PPST) et la continuité d’activité.
Le champ d’actions de la DPID porte non seulement sur les sites, systèmes d’information et agents du ministère, mais aussi sur les industries de l’armement.
La décision de sa création par le ministre de la Défense remonte à l’été 2014. Face à la complexification et à l’intensification des menaces, il y avait un impérieux besoin de disposer d’une direction dédiée à la Défense - Sécurité, afin de coordonner l’action des structures du ministère devenues de plus en plus matricielles.
Pour résumer, la mission de la DPID consiste à élaborer la politique ministérielle de protection, à partir d’une analyse des menaces et vulnérabilités, et à en contrôler son application. Il est important de préciser que la DPID n’appartient pas à la « communauté du renseignement » mais en est l’un de ses « clients ». Notre principal interlocuteur est la DRSD (Direction du renseignement et de la sécurité de la Défense), avec laquelle nous avons des relations fructueuses au quotidien.
CB : Existe-t-il une spécificité « Marine » ?
CA F. R. : Il existe effectivement une spécificité « Marine » qui réside à la fois dans la taille, la forte sensibilité et la complexité des sites maritimes. Les bases navales sont de véritables villes dans la ville avec de nombreuses activités à caractère industriel, des installations sensibles, certaines nucléaires, et des flux très importants d’entrées et sorties quotidiennes. Ainsi, en termes de protection, une base navale doit être capable de faire face à toutes les formes de menaces, dans tous les domaines : aériens, terrestres, nautiques, subaquatiques et bien sûr cyber. Si l’on sait protéger une base navale ou une zone portuaire, on sait protéger n’importe quel site !
Pour cela, nous travaillons en relation étroite avec la Marine nationale qui est un opérateur d’importance vitale, et les industriels de la sécurité afin de mettre en place des systèmes capables de fusionner et d’interpréter l’ensemble des informations de contrôle d’accès, de détection, physiques et logiques, au sein d’un seul et unique centre. Une protection trop fragmentée est source de failles possibles.
CB : Quid de la dissuasion ?
CA F. R. : La protection de la dissuasion est une priorité clairement affichée de la DPID, notamment au titre des responsabilités particulières du ministre de la Défense en matière de contrôle gouvernemental de l’intégrité des moyens de la dissuasion.
Avec ces bases navales nucléaires, ainsi que ces centres de transmissions et de commandement, la Marine est un acteur central de cette fonction stratégique, dont l’efficacité repose notamment sur sa crédibilité.
CB : À quelles menaces avons-nous à faire face aujourd’hui ?
CA F. R. : Il existe six grands types de menaces : menace terroriste djihadiste « haut du spectre » (actions de type commando contre des sites sensibles), « bas du spectre » (contre des installations plus ouvertes sur l’extérieur), malveillance interne, espionnage – en particulier dans le cadre des affrontements entre puissances –, menaces liées aux drones et attaques cyber. Ces menaces se sont intensifiées et diversifiées et peuvent aussi aujourd’hui se conjuguer. Les attaques terroristes ou malveillantes ne visent plus seulement nos points et systèmes d’information d’importance vitale, mais également des cibles « molles ». La démarche de protection s’inscrit donc dans une approche globale couvrant l’intégralité du spectre des vulnérabilités, allant de l’analyse de la menace à la mise en place effective de moyens de protection.
Cette démarche globale de sécurité passe par une coordination de l’ensemble des armées, directions et services, dont la Marine constitue l’un des piliers essentiels.
Propos recueillis par Stéphane Dugast
Source: Marine nationale
Droits: Marine nationale